Pape Diouf : « Sagnol est un sous-Zemmour »
Les propos de l’entraîneur de Bordeaux Willy Sagnol au sujet des joueurs africains la semaine dernière ont déclenché une vive polémique. Racistes ou pas ? Pour l’ex-patron de l’OM, ces déclarations l’étaient, sans aucun doute.
Pape Diouf, l’ancien président de l’Olympique de Marseille, a appelé les joueurs de la Ligue 1 française à boycotter une journée du championnat de football pour protester contre les propos de Willy Sagnol.
Le 3 novembre, l’entraîneur de Bordeaux avait déclaré, lors d’une rencontre avec des lecteurs du journal Sud Ouest : "L’avantage du joueur typique africain, c’est qu’il est pas cher quand on le prend, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. Il faut de tout. Il faut des Nordiques aussi. Une équipe de foot, c’est un mélange. C’est comme la vie, comme la France. Sur un terrain, on a des défenseurs, des attaquants, des milieux, des grands, des petits, des techniques."
Jeune afrique : Pourquoi les propos de Willy Sagnol vous ont-ils indigné ? Ceux qui le défendent vous reprochent de surréagir…
Pape Diouf : Si ne pas réagir à des propos qui suintent la discrimination et le racisme paraît être la bonne attitude à certains, libre à eux. Moi, je crois en des valeurs universelles, qui les récusent et les condamnent.
Comment expliquez-vous qu’un ancien joueur issu de l’équipe de France Black Blanc Beur ait pu s’exprimer ainsi ?
Ce pays penche très fortement à droite et a comme héros Éric Zemmour. Que cette France-là produise des sous-Zemmour n’est guère étonnant.
Sagnol a fait de Lamine Sané, qui est d’origine sénégalaise, son capitaine à Bordeaux. N’est-ce pas là la preuve que ses paroles ont dépassé sa pensée ?
C’est le genre d’argument inepte que certains brandissent. Quand on veut gagner, on sélectionne ceux qu’on estime les meilleurs, comme Sagnol l’a fait à Bordeaux ou en équipe de France Espoirs. Confier le capitanat à un Africain, c’était en tirer le maximum dans le but de servir ses propres intérêts.
>> Lire aussi : Willy Sagnol "désolé" pour ses propos sur le "joueur typique africain"
Comment expliquez-vous la persistance de ces stéréotypes dans le milieu du foot ?
Pas un seul Africain ne travaille dans l’encadrement d’un club ou n’est admis dans une instance dirigeante. Tant que ces joueurs de la diversité, qui sont les principaux animateurs du championnat français, seront traités comme une orange qu’on presse et qu’on jette, comme on l’a fait avec leurs pères anciens combattants, des affaires de cette nature surgiront périodiquement.
Vous avez été président de l’OM, le club le plus populaire de France…
J’ai présidé l’équipe d’une ville où le lepénisme et d’autres formes d’extrémisme ont gagné beaucoup d’esprits. Je bénéficie de la considération, de la sympathie et même de l’amitié des Marseillais, parce que le mur de l’ignorance a été abattu. Je n’étais peut-être pas meilleur président de club que les autres, mais pas le pire non plus. Le jour où les Africains occuperont des places où on pourra juger de leurs capacités sans préjugés, l’ignorance reculera.
Propos recueillis par Georges Dougueli
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