Burkina Faso : les pro-Compaoré, du balai !

Le gouvernement de transition ne fait pas dans la demi-mesure : deux partis liés à l’ancien régime, dont le CDP de Blaise Compaoré, ont été suspendus pour cause d’activisme.

Blaise Compaoré. © Fabrice Coffrini/AFP

Blaise Compaoré. © Fabrice Coffrini/AFP

Publié le 25 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Les dirigeants de la transition lavent plus blanc que blanc à Ouagadougou. Après avoir limogé deux patrons de sociétés publiques proches du clan Compaoré, dissous les conseils municipaux, annoncé leur volonté de procéder à des audits et promis la réouverture de dossiers judiciaires emblématiques du régime déchu (la priorité étant donnée à l’assassinat de Norbert Zongo, selon plusieurs indiscrétions), ils ont franchi des étapes supplémentaires à la mi-décembre.

Il y a d’abord eu la reprise en main d’une entreprise immobilière, la Socogib, ancienne propriété de l’État acquise au milieu des années 1990 dans des conditions troubles par Alizéta Ouédraogo, la belle-mère de François Compaoré.

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Puis, deux jours plus tard, l’excommunication des principaux protagonistes de la réforme constitutionnelle qui devait permettre à Blaise Compaoré de se représenter en 2015 et qui a finalement causé sa chute le 31 octobre. Toutes ces mesures ont un point commun : elles répondent à la vindicte de ceux qui ont obtenu la tête de Compaoré. Déjà, certains pensent que la prochaine sera une demande d’extradition de "François", qui se trouve au Bénin.

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"Regain d’activisme politique"

Depuis le 15 décembre, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de Compaoré, l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), un mouvement allié sans lequel la réforme constitutionnelle par la voie parlementaire n’aurait pas pu être envisagée, et la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (Fedap-BC), une association qui était à la pointe du combat pour la révision, n’ont plus d’existence légale.

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Dans un communiqué, le ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité explique cette "suspension" par un "regain d’activisme politique". "Avant même que la nation ne réponde à leurs demandes de pardon, ces formations politiques se sont livrées […] à des activités de tous ordres sur le terrain", précise le document. En fait d’activités, le CDP et l’ADF/RDA ont organisé des conférences de presse pour implorer le pardon du peuple, puis ont tenu des rencontres en interne afin de se réorganiser.

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Suspension provisoire ?

"Les gens ne sont pas prêts à voir les hommes du CDP ou de l’ADF réapparaître", argue-t-on au ministère. Il s’agirait, selon cette source haut placée, d’une "mesure d’apaisement", pas d’une "chasse aux sorcières", un terme employé par des cadres du CDP. "Quand nous sommes arrivés au pouvoir, poursuit cette source, nous avons bien dit que nous avions besoin de toutes les composantes de la nation, y compris du CDP, si ce parti se débarrassait de certains de ses membres. Mais il faut du temps aux Burkinabè pour l’accepter."

Au ministère, on précise qu’il s’agit d’une suspension provisoire et non d’une dissolution. Et on assure que le même sort pourrait être réservé "aux autres partis s’ils menacent eux aussi la paix civile". Cela explique peut-être le silence gêné (voire inquiet) observé par les figures de la politique locale.

>> Lire aussi : le gouvernement burkinabè annonce la réouverture du dossier Norbert Zongo

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