« Le Mytho » : Frédéric Gassita et les menteurs en série au Gabon

Le jazzman Frédéric Gassita se lance dans la production audiovisuelle avec Le Mytho. Une création 100 % librevilloise qui va décaper.

Le pianiste et producteur Frédéric Gassita, en tournage. © DR

Le pianiste et producteur Frédéric Gassita, en tournage. © DR

Publié le 4 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

C’est l’histoire de Monica, une jolie fille d’Elbève (Libreville). Désespérée parce qu’elle "n’a pas l’argent", la pauvre gosse se lamente : "Je vais devenir quoi ?" Si elle ne trouve pas un homme, elle sera vouée à l’errance et à la misère. Pour voir ses voeux exaucés, une seule solution : consulter un nganga ("marabout"). Commence alors une descente aux enfers ubuesque. Tournée en bourrique, manipulée, la jeune femme confectionne des amulettes qu’elle cache sous un paillasson et s’adonne aux caprices les plus ridicules du charlatan.

Drôle et grinçante, la fable contée par cet épisode pilote de la série Le Mytho n’est pas si éloignée de la réalité. Elle aborde, à travers la question de la mythomanie, la complexité des rapports humains. "Nous avons voulu raconter des anecdotes que nous rencontrons dans notre quotidien, des plus petits aux plus gros mensonges, et s’en moquer", raconte Fleur Mboumba, une comédienne de 27 ans, qui fait ses premiers pas en tant que scénariste. Chaque volet de vingt et une minutes s’articulera autour d’un personnage central menteur et cachottier, du don Juan séducteur et volage aux escrocs de tout bord.

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Artiste touche-à-tout

Produite, réalisée et entièrement financée par Afro Jazz Productions (AFJ Productions), maison créée et dirigée par le compositeur et pianiste Frédéric Gassita, cette série d’une vingtaine d’épisodes – dont chacun a coûté entre 5 et 6 millions de F CFA (entre 7 600 et 9 200 euros) – devrait être programmée à partir du mois de juillet à la télévision. Des discussions sont en cours avec différents partenaires susceptibles de la diffuser.

Amis de longue date, le chef d’État et le musicien ont d’ailleurs composé ensemble les deux premiers albums de ce dernier.

Avec la production audiovisuelle, Gassita ajoute une nouvelle corde à son arc. Artiste touche-à-tout formé au prestigieux Berklee College of Music de Boston, il est également président d’un club de football gabonais de première division, le FC Sapins de Libreville, et chargé de mission auprès du président de la République, Ali Bongo Ondimba, féru lui aussi de musique. Amis de longue date, le chef d’État et le musicien ont d’ailleurs composé ensemble les deux premiers albums de ce dernier, Forever Yours et Following My Star (sortis en 2004 et 2008 chez Atlantide Music). AFJ Productions a d’ailleurs démenti certaines rumeurs selon lesquelles la série Le Mytho comporterait des clins d’oeil à la vie politique du président et affirme qu’Ali Bongo Ondimba ne s’en est "jamais mêlé".

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Frédéric Gassita a réalisé lui-même l’épisode pilote du marabout, avant de passer le relais à la jeune équipe qui l’accompagne. "Ce projet est une sorte d’école pour tout le monde", expliquent les deux réalisateurs de la série, Fabrice Oye Bekale, 32 ans, et Aurélien Safou, 31 ans. D’ordinaire plus habitués à tourner des clips musicaux, ils font eux aussi leurs premiers pas dans la fiction audiovisuelle.

Grâce au matériel de pointe du studio d’AFJ Productions, installé à Libreville, "nous allons pouvoir tout retravailler au montage pour obtenir une qualité optimale. Parce que le cinéma, c’est d’abord le son, et c’est ce qui fait souvent défaut dans les productions africaines", souligne Fabrice, surnommé Fabass par ses compères. Derrière la table de mixage, les réalisateurs travaillent en ce moment au doublage des voix et refont les bruitages afin d’éviter toute fausse note. Quant aux musiques de la bande originale, la plupart ont été composées spécialement pour l’occasion par Frédéric Gassita.

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Les scènes des épisodes déjà tournés ont pour décors des lieux biens connus de la capitale, comme le restaurant Mandarine, dans le quartier Ancienne Sobraga, ou la boîte de nuit Le Boomerang, à Louis, le territoire des noctambules librevillois. Cerise sur le gâteau, plusieurs guests de la scène musicale gabonaise devraient faire leur apparition au fil des épisodes, comme le rappeur Ba’Ponga.

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