Burkina – CDP : les orphelins de Blaise Compaoré relèvent la tête
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tenait son premier grand rassemblement depuis la chute de son leader. Objectif : se remettre en ordre de bataille avant les scrutins d’octobre.
Après des années d’une écrasante domination, la machine a fini par dérailler, entraînée dans sa chute par son taulier, Blaise Compaoré. Lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) avait été, comme tous les symboles de l’ancien régime, pris pour cible par les manifestants.
Siège incendié, dirigeants en fuite ou interpellés, militants contraints de faire profil bas : jamais, depuis sa fondation en 1996, le parti n’avait traversé pareille crise. Puis, profitant de ce que la communauté internationale prône l’inclusion de toutes les parties prenantes au processus de transition, le CDP est peu à peu sorti de l’oeil du cyclone.
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Ces 9 et 10 mai, il a tenu son sixième congrès ordinaire à Ouagadougou, son premier grand rassemblement depuis le départ de "Blaise". Dans un Palais des sports surchauffé, ses principaux responsables et environ 5 000 militants étaient là pour rappeler que l’ancien parti majoritaire restait l’une des principales formations politiques du pays.
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Après avoir été un temps suspendu, en décembre, par les autorités de la transition, le CDP devrait pouvoir présenter des candidats aux élections présidentielle et législatives, prévues le 11 octobre.
L’objectif de ce congrès était donc de remettre la formation en ordre de bataille, en renouvelant ses structures dirigeantes. C’est chose faite avec l’instauration d’un bureau exécutif national composé de onze vice-présidents, à la tête duquel a été nommé Eddie Komboïgo, investi président du parti.
Briscards
À 51 ans, cet homme d’affaires réputé, fondateur du cabinet d’audit financier Komboïgo et Associés (Cafec-Ka), n’est pas un apparatchik "cédépiste". Militant depuis plusieurs années, député lors de la dernière législature, il passe pour un intime de Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier et bras droit de Blaise Compaoré, qui est comme lui originaire de Yako (Nord-Ouest).
Une proximité qui a probablement valu à Komboïgo le saccage de son domicile ouagalais lors de l’insurrection d’octobre dernier. "Eddie est un bon choix, confie un cadre du parti. C’est une personnalité qui fait la synthèse entre vieux briscards et nouveaux venus."
À peine élu, l’intéressé veille à ne pas faire de vagues. "Nous voulons avant tout apaiser les tensions", se borne-t-il à commenter, tout en concédant que son parti a commis des "erreurs" et qu’il faut "rompre avec le style de gestion de Compaoré, qui relève de sa génération".
Toujours relié par une sorte de cordon ombilical à l’ancien chef de l’État – qui a été désigné président d’honneur du haut conseil du parti -, le CDP s’efforce de se tourner vers l’avenir.
Et croit dur comme fer en ses chances, même si une majorité de ses têtes d’affiche pourraient être visées par la nouvelle loi électorale, qui rend inéligibles aux prochaines élections les personnes ayant soutenu le projet de modification constitutionnelle.
De nombreux observateurs estiment que l’ancienne formation présidentielle, forte de moyens financiers et d’un ancrage local dont peu de ses rivaux peuvent se targuer, pourrait réaliser un bon score aux législatives. Le scrutin présidentiel s’annonce plus compliqué.
Il paraît peu probable qu’après avoir renversé l’homme qui les a dirigés pendant vingt-sept ans les Burkinabè élisent un membre de son parti pour lui succéder.
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