Aigle Azur met le cap au sud

Après le pourtour méditerranéen, la compagnie française veut se développer en Afrique de l’Ouest. En attendant l’ouverture du marché domestique algérien.

Publié le 3 mars 2008 Lecture : 3 minutes.

C’est vers la mi-mars qu’Aigle Azur réceptionnera son douzième Airbus de la famille des A-320, un moyen-courrier qui embarque environ 200 passagers. Il gonflera la flotte de la petite compagnie aérienne française pour répondre à l’ouverture cette année de deux nouvelles destinations en Afrique de l’Ouest à partir de Paris. Elles s’ajouteront à la desserte de Bamako, au Mali, lancée en décembre 2007. « Le développement de lignes vers l’Afrique subsaharienne est l’une de nos priorités », précise Meziane Idjerouidène, le directeur général d’Aigle Azur.
À 27 ans, il est à la tête d’une entreprise de 800 salariés. Principale filiale du groupe Gofast, fondé en 1983 par son père, Arezki Idjerouidène, Aigle Azur a transporté 1,6 million de passagers en 2007, en progression de 30 % en un an. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros et 2,5 millions de bénéfices. Candidat malheureux à la reprise d’Europe Airport – héritière de l’Aéropostale française -, le jeune dirigeant table néanmoins sur une croissance des ventes de 20 % cette année. Europe Airport lui aurait apporté 22 appareils, le transport de 300 tonnes de courrier par an et un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros. Après quatre mois de négociations, la société a été cédée, fin 2007, par le groupe français La Poste à la compagnie de fret irlandaise Air Contractors.
En attendant d’étendre son maillage par d’autres moyens, Aigle Azur gère 43 liaisons à partir de six villes françaises. Elle a lancé ses premiers vols réguliers depuis les aéroports parisiens de Roissy et d’Orly en 2003, destination l’Algérie, qui représente aujourd’hui un tiers de son trafic. En cinq ans, elle s’est fait plus qu’un nom entre Air France et Air Algérie, avec 44 % de parts de marché. Et attend avec impatience l’ouverture du marché domestique algérien. « Nous sommes candidats, mais le pays n’est pas encore prêt », note Meziane Idjerouidène.

8 des 43 lignes pour le tourisme
Outre l’Algérie et le Mali, la compagnie relie Paris au Maroc, à la Tunisie et au Portugal. Sa spécialité : le marché des émigrés. Aigle Azur vise les Maghrébins ou les Portugais qui travaillent en France et retournent dans leur pays d’origine le temps des congés. « C’est une clientèle fidèle. Elle n’est pas sensible, comme c’est le cas dans le tourisme, aux aléas géostratégiques ou aux actes terroristes », explique le jeune directeur général, évoquant une mésaventure récente. Sa compagnie avait réussi depuis 2003 à transporter chaque semaine, de novembre à fin avril, près de 400 passionnés de désert algérien vers Tamanrasset et Djanet. Depuis l’assassinat de quatre touristes français en Mauritanie, en décembre 2007, Aigle Azur a dû procéder à une dizaine d’annulations de ces vols. « Nous sommes victimes d’un amalgame », regrette le jeune dirigeant, conforté dans sa stratégie. Seules 8 de ses 43 lignes sont destinées à transporter des touristes.
Titulaire, entre autres, d’un master en management du transport aérien décroché à Toulouse, Meziane Idjerouidène est un jeune Parisien âgé de 20 ans lorsque son père rachète Aigle Azur en 2001. La compagnie, fondée en 1946 par Sylvain Floirat (industriel français qui fut aussi patron de Matra et de la radio Europe 1), vivote alors avec 40 salariés et un seul avion. Deux ans plus tard, le futur DG commence à s’immerger dans l’entreprise familiale en exerçant des petits boulots lors des vacances scolaires : bagagiste, agent d’enregistrement « Je suis tombé dedans tout petit », s’amuse-t-il. Depuis quelques mois, Idir, l’un de ses deux frères, ingénieur de formation, vient d’intégrer Aigle Azur pour s’occuper des systèmes d’information. La relève prend les commandes.

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