D’un congrès l’autre

Publié le 17 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Fondée le 20 janvier 1946, l’UGTT est devenue au lendemain de l’indépendance, en 1956, le principal contre-pouvoir face à un régime monolithique et hostile à toute forme d’opposition. L’omnipotence du Parti socialiste destourien (PSD), ancêtre de l’actuel Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), et l’absence d’une opposition structurée et dynamique ont longtemps contraint la centrale syndicale à outrepasser sa vocation initiale pour servir d’espace de contestation. Cela n’est pas été sans conséquence.
« Citadelle de l’opposition », l’UGTT n’a pas tardé à essuyer les foudres d’un régime imperméable à toute critique. Les crises de 1978 et de 1984-1985, qui ont tourné à la confrontation ouverte avec le pouvoir, l’ont beaucoup affaiblie. Conséquence : au congrès de Sousse, en 1989, la centrale a fini par se doter d’une direction aux ordres du gouvernement. Ismaïl Sahbani a été réélu au secrétariat général en 1994 et 1999 à l’issue de congrès pour le moins controversés. Fort de l’appui du régime, ce dernier a cru pouvoir évincer tous les cadres opposés à sa « ligne consensuelle », faite d’alignement systématique sur les positions officielles et d’abdication face aux diktats du patronat.
Grisé par le pouvoir et se croyant intouchable, cet ancien ouvrier métallurgiste a vidé la centrale de ses forces vives. Ses errements ont fini par être sanctionnés. Accusé de malversations et de mauvaise gestion, Sahbani a été contraint, en septembre 2000, à la démission, puis traduit en justice et condamné, en octobre 2001, à une peine de prison, avant d’être amnistié deux ans plus tard.
C’est dans ces conditions troubles qu’Abdessalem Jerad a pris en main les rênes de l’organisation. Contesté par une partie de la classe ouvrière, ne serait-ce que parce ce qu’il n’a pas dénoncé à temps les graves erreurs de son prédécesseur, cet ancien agent de la Société nationale de transport (SNT) s’est néanmoins fait élire au congrès de Djerba, en février 2002, par 307 voix sur 457 votants. À défaut de légitimer son leadership, il a pu s’imposer à la tête du bureau exécutif, où siègent neuf de ses partisans et trois élus sur une liste rivale emmenée par Ali Romdhane. Au sortir d’une longue traversée du désert (1989-2002), ce dernier est devenu le numéro deux de l’organisation. Et un probable candidat à la succession.

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