28 mai 1997 – Laurent-Désiré Kabila s’attribue les pleins pouvoirs
C’est par un décret-loi de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) que Laurent-Désiré Kabila annonce, ce 28 mai 1997, la nouvelle organisation du pouvoir au Zaïre, rebaptisé République démocratique du Congo (l’appellation du pays jusqu’en 1971). Celui qui a renversé le maréchal Mobutu quelques jours plus tôt suspend la Constitution et promet l’installation, pour le 30 juin 1998, d’une Assemblée constituante qui devra adopter une nouvelle Loi fondamentale. Il annonce également la mise en place d’un gouvernement de « salut national » soumis à son autorité. Kabila devient ainsi le chef de l’exécutif, du législatif et des forces armées. Il se donne également le pouvoir d’émettre les francs congolais, qui remplaceront les coupures de zaïres, qualifiés de « monnaie de la pauvreté ». Bien que l’activité de tous les partis politiques ait été suspendue, le décret-loi assure que des élections législatives et présidentielle doivent être organisées pour avril 1999 au plus tard.
La communauté internationale ne s’en formalise pas. La Libye, la République centrafricaine et le Maroc sont les premiers à reconnaître le nouveau régime de Kinshasa. L’ONU et l’Organisation de l’unité africaine (OUA, l’ancêtre de l’Union africaine) suivront, malgré les réserves concernant les violations des droits de l’homme qui ont émaillé cette guerre de conquête.
Onze jours auparavant, le 17 mai, des colonnes de l’AFDL, soutenues par des soldats ougandais, rwandais et angolais, ont pris Kinshasa. Sans faire feu. Conscient qu’il était inutile de résister, le président Mobutu Sese Seko a fui, dans la nuit, la capitale pour rejoindre Gbadolite, son fief du nord du pays. Dans une caserne de la Division spéciale présidentielle (DSP), le général Mahele Lioko, chef d’état-major des Forces armées zaïroises (FAZ), a été abattu par les derniers fidèles du maréchal. Selon la rumeur, l’officier supérieur aurait livré les plans de défense de la ville et négocié une reddition des FAZ. Le Premier ministre, Norbert Likulia Bolongo, est resté, quant à lui, invisibleÂ
Le pays est livré à lui-même. La capitale devient le théâtre de pillages. Les habitants accueillent « les libérateurs » par des cris de joie. Les dignitaires de l’ancien régime quittent le pays (la plupart se réfugient à Brazzaville), tandis que les membres de la DSP déposent progressivement les armes. Faits prisonniers, ils ont le choix entre retourner à la vie civile ou s’enrôler dans la nouvelle armée. Certains d’entre eux sont purement et simplement exécutés dans la rue.
Les derniers verrous ayant sauté, Mobutu se résout à quitter le pays après trente-deux ans de règne sans partage. Le « Léopard de Kinshasa », affaibli par un cancer de la prostate, trouve refuge au Maroc. Depuis Lubumbashi (Sud-Est), où il se trouve encore, Kabila se déclare chef de l’État. Le 29 mai, il prête serment, et devient président de la République.
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