Avec Ben Ali, la Tunisie sait où elle va. Mais où va le bateau ivre de Mezri Haddad ?

Publié le 29 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Dans un forum intitulé « Où va la Tunisie avec Ben Ali ? », paru dans votre édition du 7 au 13 novembre 2004, M. Mezri Haddad s’est livré à un exercice périlleux d’équilibrisme et de louvoiement qui s’achève par un sombre dessin qui ne trompe pas sur le dessein de son auteur.
En l’espace de quelques lignes, comme rattrapé par les vieux démons de l’ergotage et du persiflage de salon, Mezri Hadad affirme à la fois une chose et son contraire. Il reconnaît la justesse des choix de la Tunisie – qu’il vante à juste titre – et qui ont conduit à l’enrayement du péril islamiste terroriste dans le pays, mais, sous l’effet d’on ne sait quel opportunisme (une mouche l’aurait-il piqué ?), se rallie aux thèses des mêmes extrémismes terroristes qui réclament « l’amnistie générale », c’est-à-dire celles de personnes ayant perpétré des actes de violence et de terrorisme qu’aucune démocratie ne saurait tolérer.
Son diagnostic de la Tunisie est aussi cataclysmique que celui de ceux qu’il désigne comme étant « des Cassandres aux prédictions funestes (opposition maximaliste, gauchiste, islamiste, droits-de-l’hommiste) » : il y aurait, selon lui, un « grand péril en Tunisie du fait d’un pouvoir convaincu d’avoir atteint la démocratie parfaite et parachevé l’Histoire ».
II faut être animé d’un tout autre dessein que celui de « libre-penseur »(1) pour poser de telles prémisses fallacieuses. Le pouvoir tunisien n’a jamais dit qu’il avait atteint la démocratie parfaite. Nous recommandons à l’auteur, pour mieux éclairer son discours à l’avenir, une lecture plus rigoureuse, c’est-à-dire – dans le cas d’espèce – plus honnête du discours politique. Le président Zine el-Abidine Ben Ali n’a cessé, dans des interviews ou dans des déclarations officielles, d’insister sur le fait que la démocratie est un choix irréversible et que le processus démocratique en Tunisie est progressif et vise, de manière assurée, à instaurer dans le pays une démocratie plus évoluée. Que M. Mezri Haddad relise donc ses propres textes, du moins ceux qui ont été publiés, car ce qui précède, il l’a affirmé avec force, mais était-ce avec conviction ?
La démocratie tunisienne est encore jeune. Des évaluations à mi-parcours permettent de conclure à un processus irréversible évoluant à son rythme, et soucieux, par-dessus tout, de préserver les équilibres sociaux et d’empêcher tout retour en arrière. Les élections présidentielle et législatives d’octobre dernier ont, du reste, fourni l’occasion de mesurer le chemin parcouru depuis le 7 novembre 1987. Pluralistes, elles ont permis aux partis d’opposition de s’exprimer en toute liberté dans les médias publics, et de mener une campagne que tous les observateurs ont qualifiée d’honnête et de transparente et où le temps de parole à la radio et à la TV était largement favorable à l’opposition (85 % contre 15 % au RCD).
Qu’il reste encore à faire pour asseoir une démocratie avancée, cela ne fait pas de doute, et le pouvoir est le premier à le reconnaître.
Si M. Mezri Haddad peine à trouver sa voie, ce n’est pas le cas de la Tunisie qui sait, quant à elle, où elle va. Qu’il prenne la peine de relire avec attention les vingt et un points du programme du président Ben Ali pour les cinq prochaines années : il y trouvera réponse à toutes ses interrogations. Un plan tout à la fois ambitieux et réaliste.
Revenons donc à ce qu’a publié à son propos un certain Mezri Haddad il y a… moins d’un mois : « Sur la base d’un tel programme, le nouveau contrat proposé par le président Ben Ali ne peut que susciter la pleine adhésion de l’ensemble des Tunisiens. […] »(2)
Au plans économique, social et politique, avec Ben Ali, la Tunisie sait où elle va, et se donne les moyens d’y arriver. Et elle y arrivera, avec un président déterminé à construire la démocratie, et un peuple de plus en plus rompu à l’exercice démocratique sain.
La Tunisie n’a pas besoin de leçon. Mezri Haddad devrait pourtant le savoir. Seul l’aveuglement peut expliquer tant de confusion et un tel naufrage dans l’océan des contradictions.

1. Mezri Haddad est le fondateur du « Cercle des libres-penseurs
franco-tunisiens », à Paris.
2. M. Haddad, Des acquis aux défis,éd. Médiane, Paris, octobre 2004.

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