Le préservatif toléré ?
Le pape Benoît XVI a demandé à un comité de théologiens et de scientifiques d’entreprendre une étude sur le préservatif et le sida qui devrait servir de base à un « dialogue » au sein de l’Église catholique. Président du conseil pontifical pour la pastorale de la santé (sorte de ministère de la Santé), le cardinal mexicain Javier Lozano Barragan a précisé que cette recherche devra prendre en compte les aspects scientifiques et techniques de la question, autant que ses implications morales. Ce document pourrait être publié dans le courant de l’année, après révision par le pape, qui a lui-même beaucoup étudié le problème, d’un point de vue théologique, à l’époque où il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
En l’état actuel du débat, il est vraisemblable que l’utilisation du préservatif sera à l’avenir tolérée, dans certaines conditions. Ce qui constituerait un assouplissement notable de l’encyclique Humanae Vitae publiée en 1968 par Paul VI. Celle-ci condamnait ce moyen de contraception défini comme un obstacle au développement de la vie humaine qu’implique potentiellement toute relation sexuelle. Depuis l’explosion de la pandémie du sida, cette position intransigeante place les catholiques devant un dilemme : respecter la parole papale et laisser la maladie poursuivre ses ravages, ou l’enfreindre et risquer une condamnation morale. Aucune discussion de fond n’a jamais eu lieu au Vatican sur cette question. Jean-Paul II n’a jamais explicitement condamné l’utilisation du préservatif, mais affirmé à de multiples reprises que le meilleur moyen de combattre le sida était la fidélité conjugale et l’abstinence.
Si le problème est aujourd’hui officiellement pris en compte, c’est à la fois parce que Benoît XVI est conscient de son importance dans la société actuelle, mais également sous la pression de la communauté catholique, en particulier dans les pays pauvres.
Dans un entretien avec le bioéthicien italien Ignazio Martino publié par l’hebdomadaire L’Espresso du 20 avril, le cardinal Carlo-Maria Martini, ancien archevêque de Milan et porte-parole du courant réformateur, estime que le préservatif est « un moindre mal », notamment lorsque, dans un couple marié, l’un des conjoints souffre du sida.
L’étude commandée par Benoît XVI va devoir s’efforcer de répondre à deux questions essentielles. 1. Le préservatif est-il véritablement efficace dans la lutte contre la propagation du sida ? 2. Est-il moralement licite d’adopter un préservatif « technique » ?
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