Il va y avoir du sport !
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 9 juin 2014 Lecture : 2 minutes.
Cette semaine, dans Jeune Afrique, une fois n’est pas coutume, place au foot, sport roi planétaire et véritable religion en Afrique. Le foot dans tous ses états, même. D’abord, le Mondial brésilien, qui débute le 12 juin. Comme tous les quatre ans, le monde entier, et le continent en particulier, va vibrer à l’unisson : les trois quarts de la population en âge d’ouvrir un oeil ou de tendre une oreille seront "scotchés" devant les écrans de télévision ou d’ordinateur, les postes de radio et les smartphones, chez eux, dans la rue, dans les bars, voire sur leur lieu de travail. Au menu : passion, ferveur, émotions, rires et larmes, tout un mois durant. En particulier à Alger, Abidjan, Douala, Lagos et Accra, qui seront derrière leurs sélections, qualifiées pour l’événement.
Ensuite, les remugles exhalés par les arcanes de ce sport : les scandales à répétition, au sein de la Fifa comme des fédérations nationales, des dirigeants-dinosaures qui empilent les mandats comme Lionel Messi les buts et ne pensent qu’en dollars, la grande et la petite corruptions ordinaires, la géopolitique qui s’immisce de plus en plus dans l’organisation des compétitions, les frontières sans cesse plus floues du lobbying…
Le football est un jeu magnifique. C’est aussi, hélas, un sale business. Dernier avatar en date : la remise en question des conditions d’attribution du Mondial 2022 au Qatar. À l’origine, les révélations du journal britannique The Sunday Times publiées le 1er juin. Une enquête de onze pages au titre explicite – "Le complot pour acheter la Coupe du monde" – qui lève le voile sur un vaste système de corruption et de trafic d’influence élaboré par le Qatari Mohamed Bin Hammam pour favoriser la candidature de son pays. Le même Bin Hammam qui avait été radié à vie de la Fifa pour avoir tenté d’acheter des voix lors de l’élection du président de la fédération internationale, poste qu’il briguait, en mai 2011.
Montant de l’"investissement", si l’on peut dire : 5 millions de dollars. Les heureux bénéficiaires des enveloppes de cash ou des virements ? En grande partie des officiels du continent susceptibles d’avoir une influence directe ou indirecte sur le vote. Le très prodigue Qatar d’un côté, des présidents de fédérations africaines, dont la réputation d’intégrité n’a guère dépassé les frontières de leur bureau, de l’autre… On ne peut pas dire que le scénario soit hautement improbable ! Une chose est sûre : dans les semaines à venir, pendant que nous perdrons la raison en regardant nos équipes favorites sur les pelouses brésiliennes, il va y avoir du sport… à la Fifa.
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