Paludisme et changement climatique

Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan

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  • Edmond Bertrand

    Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan, membre correspondant de l’Académie française de médecine

Publié le 21 septembre 2009 Lecture : 1 minute.

Pour être atteints de paludisme, nous devons être piqués par un moustique (anophèle femelle) porteur du « virus » du paludisme (en fait un parasite, le Psalmodium falciparum, grave dans la plupart des cas qu’on rencontre en Afrique). Dans les zones équatoriales, la maladie est permanente (endémique) parce que la chaleur et l’humidité permettent la vie du moustique en toute saison et donc la transmission du Psalmodium. Il en résulte, au bout de cinq ans, l’apparition d’une résistance au parasite (prémunition), incomplète et jamais définitive. D’où la gravité de la maladie chez les jeunes enfants et la rareté des formes sévères chez l’adulte. Dans d’autres zones (comme au Sahel), la chaleur et l’humidité ne deviennent problématiques qu’en certaines saisons. La maladie est périodique (épidémique) et, dans ce cas, la prémunition ne peut pas être acquise : les accès aigus et graves sont possibles à tout âge. Enfin, l’altitude (plus de 2000 m) est aussi un facteur limitant la transmission. Les populations des hauts plateaux africains (Rwanda, Ouganda, Kenya, Éthiopie) souffrent d’épidémies sévères quand la pluviométrie et les températures s’élèvent.

Or le changement climatique va présenter, nous dit-on, une élévation de la température et une pluviométrie souvent plus abondante (mais irrégulière). Les zones de paludisme endémique pourraient donc s’étendre, repoussant les zones épidémiques plus loin vers le désert ou plus haut en altitude. L’urbanisation croissante de l’Afrique conduit aussi à l’installation d’un paludisme épidémique dans les zones où l’hygiène est insuffisante, voire d’un paludisme endémique, là où se concentrent les eaux stagnantes, comme dans les banlieues. D’autant que, sur le long terme, il est possible que la sensibilité des moustiques aux insecticides et celle des malades aux traitements se réduisent. C’est dire que la lutte antipaludique doit tenir compte de l’environnement et ne comporter aucune limite dans le temps.

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P.S. : pour plus d’informations, voir Saugeon C. et coll. in Médecine tropicale, avril 2009

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