Que sont-ils devenus ?

À partir de la fin des années 1980, des responsables du Polisario s’opposent à la direction et rallient le Maroc. Aujourd’hui, ils occupent des postes importants au sein du gouvernement ou de l’administration du royaume.

Omar Hadrami (à g.) et Brahim Hakim, à Skhirat en 1992. © Girodineau/J.A

Omar Hadrami (à g.) et Brahim Hakim, à Skhirat en 1992. © Girodineau/J.A

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Publié le 9 juin 2010 Lecture : 4 minutes.

Sahara : les ralliés de Sa Majesté
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Sahara : les ralliés de Sa Majesté

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Guejmoula Ben Abbi

Symbole de la femme ­sah­raouie, révolutionnaire, progressiste et émancipée, elle fait partie, depuis son ralliement en 1991, des plus ardents défenseurs de la position du royaume.

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Entraînée par le Polisario dès l’âge de 14 ans, elle est envoyée à Cuba pour y poursuivre ses études. Elle sillonne ensuite le monde pour défendre les thèses du Front et de la RASD. Présidente de l’Union des femmes sahraouies, branche féminine de l’organisation, dont l’un des membres les plus influents était Khadija Bent Hamdi, l’épouse de Mohamed Abdelaziz, elle a également été membre du bureau politique du Polisario.

En 1991, Guejmoula Ben Abbi rallie le Maroc. Membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), elle se lance ensuite dans la politique. Au début des années 2000, elle rejoint le Mouvement populaire, qu’elle quitte en 2006 pour le Parti du progrès et du socialisme (PPS, ex-communiste). Parlementaire, elle est également membre du bureau politique du PPS.

Mustapha Bouh Al Barazani

L’ex- « Monsieur Propagande » du Front. À 18 ans, il intègre le Polisario et, en 1976, devient commissaire politique de l’armée. Affecté à Alger, il prend la tête du journal et de la radio du mouvement et s’impose comme expert en communication. Nommé commissaire aux relations extérieures en 1977, élu au bureau politique l’année suivante, il accède ensuite au poste de chef du Commissariat politique de l’armée. En 1989, en pleine campagne pour la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), il s’occupe du protocole et notamment des visites de délégations officielles.

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À la fin des années 1980, Mustapha Bouh Al Barazani commence à prendre ses distances avec le Front et ses pratiques, qu’il juge « en inadéquation avec la réalité ». Il rallie le Maroc en 1991. Il intègre le ministère des Affaires étrangères et occupe depuis 2009 le poste d’ambassadeur du Maroc en Angola.

Commandant Ayoub

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Surnommé le « Giap du Polisario », ce fils d’un éleveur de chameaux, ancien sous-officier de l’armée coloniale espagnole, est l’un des chefs historiques de l’organisation dont il commande, en 1974, le premier escadron paramili­­taire.Pendant la guerre contre le Maroc entre 1974 et 1980, il contrôle la zone sud et accumule les victoires : attaque de Nouakchott en 1976, batailles de Lemseied en août 1979 puis en 1983. Membre du bureau permanent du secrétariat général du Polisario, il est ministre des « Territoires occupés » au sein de la RASD. Très proche de Mohamed Abdelaziz, c’est le chef de file de l’une des tribus les plus engagées dans le conflit.

Il rallie le royaume en septembre 2002. Pour les services secrets marocains, qui l’exfiltrent clandestinement via le Portugal, l’Espagne puis la France, c’est un coup de maître. Aujourd’hui, l’homme n’occupe plus de fonction publique et gère des affaires privées.

Omar Hadrami

Il est sans aucun doute le plus connu et l’un des plus importants parmi les ralliés. Étudiant à l’École normale supérieure de Rabat, il est l’un des jeunes fondateurs, en mai 1973, du Front Polisario. Responsable de l’installation et de l’organisation des camps de réfugiés à Tindouf, c’est lui qui crée, entre 1975 et 1977, le système de contrôle et d’encadrement des populations sahraouies. Jusqu’en 1980, il est chargé des relations extérieures du mouvement. Membre de l’état-major de l’Armée de libération du peuple sahraoui (ALPS) jusqu’en 1982, il est le premier responsable de la sécurité militaire du Polisario.

Dès la fin des années 1980, Omar Hadrami met en cause les méthodes de la direction de l’organisation. Après le soulèvement des camps de Tindouf, il est arrêté et détenu pendant sept mois, d’octobre 1988 à mai 1989. Nommé représentant du Front en Amérique du Nord à sa libération, il fera défection trois mois plus tard et ralliera le Maroc le 9 août. En 1990, il entre au ministère de l’Intérieur, devient gouverneur de la province de Kelaat Sraghna, puis de celle de Sidi Kacem. En 2002, il est nommé gouverneur de la province de Settat et wali de la région Chaouia-Ouardigha.

Brahim Hakim

Cheveux ébouriffés, costumes sur mesure, cigares Davidoff et fines moustaches : dans les années 1980, Brahim Hakim est le visage de la diplomatie du Polisario. Ancien haut fonctionnaire dans les services diplomatiques mauritaniens, il assume le poste stratégique de ministre des Affaires étrangères du Front pendant dix ans. Sous sa conduite, le mouvement réalise l’essentiel de ses conquêtes diplomatiques. Il obtient en particulier le record des reconnaissances internationales, dont le nombre culmine à 72 États dans les années 1980. Aujourd’hui, seuls 32 pays reconnaissent encore la RASD. C’est également grâce à lui qu’elle fait son entrée à l’OUA, en 1982. Membre fondateur du bureau politique du Polisario, Brahim Hakim a aussi été ministre de l’Information pendant trois ans.

L’annonce de son ralliement au Maroc, le 11 août 1992, est un coup dur pour la direction du Front, qui met sa tête à prix. La même année, il est nommé par Hassan II ambassadeur itinérant chargé de la question du Sahara. Il enchaîne les conférences de presse et les meetings mais peine ensuite à faire parler de lui. Son poste reste largement honorifique.

Hammati Rabbani

Homme pieux et lettré qui émaille ses discours de citations et de poèmes, Hammati Rabbani appartient à une noble lignée. Il rejoint le Polisario en 1975 et passe près de trente ans en son sein. Ministre de la Justice de 1986 à 1988, il fait partie des dirigeants qui se sont opposés à Mohamed Abdelaziz après la répression du soulèvement des camps de Tindouf. Déchargé de ses fonctions, il devient alors commissaire politique et anime une cellule de réflexion sur les structures dont devrait se doter le Front. De 1995 à 1999, il détient à nouveau le portefeuille de la Justice et des Affaires religieuses. En 2000, il accède au poste de secrétaire général du ministère de l’Intérieur. En 2003, il est nommé ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Direction nationale du contrôle et de l’inspection, fonction qu’il occupera jusqu’à son ralliement au Maroc, en juin 2005.

Hammati Rabbani a toujours refusé de divulguer les moyens qu’il avait utilisés pour rejoindre le Maroc, « afin de laisser à d’autres Sahraouis la possibilité de suivre la même voie ».

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