Pourquoi Toumba court toujours

Toumba Diakité derrière Dadis Camara à Conakry, en novembre 2009. © Isoumare/APA

cecile sow

Publié le 25 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

La Guinée face à son destin
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La Guinée face à son destin

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À Conakry, on n’aime pas parler de Toumba Diakité. Six mois après la « disparition » de l’aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara, le sujet reste tabou. Et pourtant… Quelques-uns osent tout de même chuchoter ce que beaucoup pensent tout bas : « S’il n’avait pas débarrassé la Guinée de Dadis, le processus électoral n’aurait jamais été relancé ! » Sur internet surtout, et sous le manteau, on se demande donc ce qu’est devenu ce détestable héros entouré de mystère, considéré comme l’un des principaux responsables des massacres du 28 septembre 2009.

Le 3 décembre, quelques heures après l’attentat qui a failli coûter la vie au chef de la junte, alors que le ­lieutenant-colonel Moussa Tiégboro Camara, le ministre d’État chargé de la lutte antidrogue et du grand banditisme, avait lancé ses hommes aux trousses de Toumba, on racontait déjà en ville que ce dernier s’était transformé en félin pour échapper à la traque. « Il n’est doté d’aucun pouvoir mystique », affirme un officier de gendarmerie préférant garder l’anonymat, qui précise plutôt que, dans les heures qui ont suivi l’attaque, Tiégboro et Toumba se sont entretenus au téléphone, se menaçant mutuellement de mort.

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La version officielle veut que la disparition de l’aide de camp soit survenue ce soir-là, après des affrontements entre les Bérets rouges de la garde présidentielle, fidèles à Toumba, et les gendarmes conduits par Tiégboro. Ce dernier a d’ailleurs été grièvement blessé à la nuque, avant d’être évacué le lendemain vers le Maroc en même temps que Dadis.

Aujourd’hui, la traque de Toumba semble oubliée. Et aucune enquête n’a été ouverte. Ce qui évidemment laisse libre cours à toutes sortes de rumeurs. Des témoins et amis en tout genre ont raconté qu’il était libre et fréquentait les maquis de Conakry, ou encore qu’il s’était réfugié au Sénégal, qu’il avait gagné la Sierra Leone ou le Liberia, ou même qu’il était mort. Fin 2009, beaucoup croyaient aussi savoir qu’il était protégé par Paris et qu’il se trouvait dans les locaux de l’ambassade de France en Guinée. Plus tard, on a même dit qu’il s’était embarqué pour la Ville Lumière à bord d’un vol régulier. Début juin, une source civile de bonne foi indiquait pour sa part que Toumba a été placé sous haute sécurité par une puissance étrangère (autre que la France) « pour lui permettre de témoigner contre Dadis devant la Cour pénale internationale [CPI] et mettre ce dernier hors circuit ». Selon cette personne, il n’a jamais quitté la Guinée. Le doute subsiste.

D’autant qu’à Conakry le père de Toumba, un ancien garde du corps du président Ahmed Sékou Touré, arrêté peu après l’attentat, puis relâché quelques semaines plus tard, fuit tout contact avec la presse. On se souvient que le 5 février, dans une interview accordée à RFI, Toumba avait explicitement demandé au général Sékouba Konaté de le libérer. Il avait en outre sollicité la « grâce » pour lui-même « par rapport aux événements du 28 septembre ». « On gracie quelqu’un qui a été jugé et condamné. Ce n’est pas encore son cas », avait répondu Konaté, interrogé dans les colonnes de Jeune Afrique. Mais pour être jugé il faudrait déjà qu’il tombe dans les filets de la justice, guinéenne ou internationale.

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