RDC : y a-t-il un pilote ?

Le décalage entre les largesses accordées par les bailleurs de fonds et les appréciations en « off » des fonctionnaires internationaux est parfois saisissant. De ce point de vue, la RDC est un cas d’école. Rappel des faits.

L’administration est paralysée, le système de gouvernance profondément affecté. © AFP

L’administration est paralysée, le système de gouvernance profondément affecté. © AFP

Publié le 8 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Kabila : Mobutu light
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Kabila : Mobutu light

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Novembre 2007, Paris. Les partenaires pour le développement de Kinshasa débloquent une enveloppe de 4 milliards de dollars sur trois ans (2,7 milliards d’euros à l’époque). L’argent arrivera bien à destination, mais les populations ne verront pas leurs conditions de vie s’améliorer pour autant (voir infographies). « Le gouvernement fonctionne au ralenti et ne parvient pas à exécuter les programmes annoncés. Seuls les cabinets de quelques ministres travaillent, mais l’administration est totalement paralysée », analyse un consultant européen.

« Mauvaise planification budgétaire, contournement des procédures, niveaux élevés de certaines dépenses, faibles niveaux de recouvrement des impôts, notamment dans le secteur minier… » Le Fonds monétaire international (FMI) liste les dysfonctionnements dans un document publié en mars 2010.

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Avertissement sans frais, car quatre mois plus tard, le même FMI et la Banque mondiale confirment l’annulation de la dette extérieure congolaise. L’ardoise magique est effacée, à savoir 12,3 milliards de dollars, soit 93 % du PIB, 150 % des exportations et 502 % des recettes de l’État ! Ce surendettement « pesait sur les finances publiques et empêchait le gouvernement d’engager les dépenses sociales à la hauteur des enjeux et des exigences de la population », explique alors Olivier Kamitatu, le ministre du Plan.

Un bilan médiocre

Les ultimes tentatives de First Quantum, qui espérait bien que la générosité des créanciers soit conditionnée à la défense de ses intérêts, n’y ont rien fait. Après avoir vu son permis d’exploitation à Kolwezi résilié en août 2009, dans le cadre de la « revisitation » d’une soixantaine de contrats miniers, le groupe canadien – associé sur le projet à la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale – n’a cessé de dénoncer une expulsion sans aucune base légale. Finalement, les Canadiens ont été abandonnés en rase campagne par les costumes-cravates de Bretton Woods.

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Deal avec Pékin

« Les annulations de dette sont devenues un rituel sans signification. Mais lorsqu’il arrivera la même chose à Areva, Nicolas Sarkozy sera peut-être sur un autre registre », ironise un expert international. De fait, le champion mondial du nucléaire a conclu un accord en mars 2009, mais depuis, rien ne bouge. « En RDC, signer un contrat, c’est seulement 25 % du chemin », ajoute cette même source.

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À certains égards, les Chinois sont logés à la même enseigne. Le deal « mines contre infrastructures » Pékin-Kinshasa remonte à septembre 2007. En découvrant le protocole d’accord depuis leurs bureaux de Washington, les économistes du FMI manquent de s’étouffer. « Il est hors de question d’annuler 12 milliards de dollars de dette si Kinshasa réemprunte 9 milliards », s’emporte un représentant de l’institution. Depuis, Chinois et Congolais ont revu leur copie à la baisse : 6 milliards.

« Ça flotte à Kinshasa, et en termes de stratégie économique, le vide est patent. Il y a un gouvernement parallèle au Palais, mais il est privatisé. Le système de gouvernance est profondément affecté. On se retrouve dans une situation analogue à celle des années 1990. Kabila s’est glissé dans les chaussures de Mobutu », conclut l’expert. De mauvais augure.

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