Mali : agroalimentaire et dynamique d’exploitations
La production agricole a augmenté de 16 % en 2010 au Mali. Un succès qui tarde à se répercuter du côté des industriels, en quête de financements.
Où va le Mali ?
Le Mali, puissance agropastorale de l’Afrique de l’Ouest ? Pourquoi pas ! En votant la loi d’orientation agricole (LOA) en 2006, les parlementaires maliens donnaient le feu vert à la mise en œuvre de l’un des piliers du Projet pour le développement économique et social (PDES) du président Amadou Toumani Touré : placer l’agriculture malienne parmi les plus performantes de la sous-région.
Cinq ans plus tard, redynamisé, diversifié, le secteur agricole se porte mieux. La production céréalière avoisine les 7,5 millions de tonnes pour la campagne 2010-2011 (contre 6,3 millions pour la précédente), se rapprochant des objectifs fixés par les autorités : produire 10 millions de tonnes de céréales à l’horizon 2013 et aménager plus de 100 000 ha, dont 60 000 ha en maîtrise totale.
Les cultures maraîchères vont bien également : oignons (260 000 t par an), échalotes (100 000 t), pommes de terre (95 000 t), tomates (64 000 t), pois sucrés (6 500 t) abondent, dont une grande partie destinée à l’exportation. Les fruits ne sont pas en reste. Chaque année, le pays produit 200 000 t de mangues, mais aussi des agrumes, de l’anacarde, du gingembre… Sans oublier, bien sûr, le coton (lire p. 81).
La loi de finances 2010 consacrait environ 16 % du budget de l’État au secteur agricole (contre 11,5 % en 2009). Le gouvernement a poursuivi ses efforts via l’« Initiative riz » élargie aux autres céréales (maïs, blé) et dans les réformes du secteur coton.
Rien qu’en 2010, les pouvoirs publics ont aménagé près de 12 000 ha de bas-fonds et 965 ha de plaines inondables, augmenté les subventions aux intrants agricoles, passées de 13 milliards de F CFA (20 000 euros environ) en 2009 à plus de 21 milliards de F CFA en 2010, et accru le soutien à la filière coton, qui a dépassé les 26 milliards de F CFA en 2010, contre 10,3 milliards de F CFA en 2009.
Mobilisation. Les acteurs du privé se mobilisent eux aussi. Notamment le groupe Tomota, qui a racheté l’Huilerie cotonnière du Mali (Huicoma) en 2005 et investi 15 milliards de F CFA pour la production d’oléagineux (tournesol, arachide, coton) sur 14 000 ha dans la zone de l’Office du Niger, dont 2 000 ha sont en expérimentation.
Banques frileuses. L’État a procédé au dépoussiérage du code des investissements pour aider à la valorisation de toutes ces productions et mis en œuvre, en 2005, l’Agence pour la promotion des investissements (API). Ce guichet unique facilite la création des entreprises, mais ne règle pas l’épineuse question des financements. Très frileuses, les banques soutiennent bien peu l’investissement industriel, ce qui contraint les entrepreneurs maliens à toutes sortes de contorsions pour parvenir à financer leur développement ou le démarrage de leur activité. C’est ainsi que Fitina-SA (Fils et tissus naturels d’Afrique), unité de production de textiles à partir de fibres de coton créée en 2004, n’a pu reprendre sa production qu’en juin dernier, après cinq ans d’arrêt. Un contrat de performance signé avec le ministère de l’Industrie lui a permis de redémarrer son activité. À présent, Fitina-SA souhaite arriver à 3 500 t de fils par an, destinés aux marchés africains et européens.
Enfin, en matière de transformation fruitière, la Comafruit, entreprise à capitaux franco-maliens fondée en 2009, prépare l’entrée en production de son usine de concentré de fruits. Première expérimentation : la mangue (dont le Mali produit 200 000 t par an), avec pour objectif de transformer 10 000 t de fruits par saison dès 2012.
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Malika Groga-Bada, envoyée spéciale à Bamako
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