Législatives françaises : Malek Boutih, une histoire de famille

Pour Malek Boutih, candidat de la diversité qui s’assume comme tel, la bataille électorale s’annonce aussi serrée que celle qui a débouché sur son investiture par le Parti socialiste pour les législatives des 10 et 17 juin.

Malek Boutih, candidat aux législatives dans la dixième circonscription de l’Essonne. © AFP

Malek Boutih, candidat aux législatives dans la dixième circonscription de l’Essonne. © AFP

Publié le 7 juin 2012 Lecture : 3 minutes.

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Législatives françaises : 2012, l’année de la diversité ?

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Il est le candidat de la diversité et il l’assume. Pour Malek Boutih, remporter les élections législatives dans la dixième circonscription de l’Essonne, ce serait en quelque sorte concrétiser un rêve. Celui de la « République métissée », qu’il prône avec force depuis tant d’années, lui le socialiste originaire de Levallois-Perret, fils d’immigrés algériens kabyles.

Dans son programme, outre les projets d’infrastructures et les créations d’emploi qu’il entend encourager – qui ne le souhaite pas -, Malek Boutih met l’accent sur la lutte contre la délinquance et la réforme de l’éducation nationale. Pour que la France ait « une élite à l’image de la société », indique sur son site le militant de longue date.

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Ancien secrétaire national du Parti socialiste (PS) chargé des questions de société, décoré de l’ordre national du mérite en 2001, Malek Boutih est entré en politique par la voie associative. Après avoir participé en 1983 à la marche pour l’égalité et contre le racisme, première manifestation du genre en France, Boutih intègre SOS Racisme l’année suivante. Il deviendra le vice-président de l’organisation, avant d’y occuper le poste de président de 1999 à 2003. Son mandat à la tête de l’association est marqué par les premières condamnations dans des procès pour discriminations raciales à l’embauche, au logement et à l’entrée des boîtes de nuit.

Guerres intestines

Mais aujourd’hui c’est une autre facette de Boutih que l’on découvre. Car après une première tentative de parachutage ratée en Charente en 2007, il semble bien déterminé à remporter les élections. Et ce (presque) à n’importe quel prix.

Sa candidature lui aura ainsi valu les foudres de Julien Dray, son ex-grand ami et parrain, député de la dixième circonscription de l’Essonne depuis 1988. En 2007, le fondateur de SOS Racisme avait donné l’impression de ne plus vouloir se présenter aux législatives en affirmant que ce sera « vraisemblablement » son dernier mandat. Il le répète à plusieurs reprises. Puis, par la suite, il se ravise. Mais Boutih objecte et ne se laisse pas faire.

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« Il avait construit pas mal de chose, mais il était installé depuis très longtemps, il était devenu, comme d’autres, un notable du Parti socialiste », indiquait Malek Boutih le 4 juin, lors d’une interview sur France Inter, essayant ainsi de justifier la guerre farouche qui l’a opposé à son ancien frère de lutte.

En décembre 2011, Malek Boutih n’hésite pas à exiger la suspension de Dray, l’accusant d’avoir trafiqué le fichier électoral des militants qui doivent élire leur candidat. Et un mois plus tard, lorsque le bureau national du Parti décide de réserver la dixième circonscription à un candidat « de la diversité », Julien Dray demande à sa suppléante, Fatima Ogbi, de se présenter contre son rival.

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À deux voix près

Boutih finira certes par remporter le scrutin interne au parti. Mais par 156 voix contre 154 seulement, au terme d’élections entachées par des accusations d’irrégularités et de fraudes. « Il y a eu une bataille politique, et pour une fois ce n’est pas moi qui l’ai perdue », expliquait Malek Boutih sur France Inter.

Le fondateur de la maison « des Potes de Grigny » ne devrait pas aller trop vite en besogne. Il doit encore affronter François Delapierre, candidat du Front de gauche et ex-directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Une tâche difficile, puisque l’Essonne est un département traditionnellement « très à gauche » : c’est dans cette même circonscription que Mélenchon a réalisé son meilleur score du département (15,6%) lors du premier tour de l’élection présidentielle. Tout comme c’est l’Essonne qui a vu naître « la gauche socialiste » de Julien Dray et de Jean-Luc Mélanchon, le courant le plus à gauche du PS, en 1988. Autant d’éléments qui pourraient empêcher le candidat de la diversité d’être élu.

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