Présidentielle congolaise : fin de campagne dans la violence
La campagne électorale pour les élections présidentielle et législatives de lundi en RD Congo s’est achevée samedi dans la violence et la confusion, tous les meetings ayant été interdits et alors que le principal candidat de l’opposition a été bloqué de longues heures par la police à l’aéroport de Kinshasa jusqu’à la nuit.
Présidentielle et législatives 2011 en RDC
La tension était montée à la suite de l’annonce par les autorités que tous les meetings étaient interdits dans la capitale suite à la mort d’une personne près de l’aéroport, victime d’un jet de pierre à la tête.
Les violences de samedi dans la capitale ont fait deux morts, selon un bilan donné dans la soirée par le ministre de l’Intérieur, selon qui la campagne, débutée le 28 octobre, "s’est déroulée normalement (…), en dépit de quelques incidents inhérents à toute jeune démocratie qui se consolide".
Dans l’après-midi Etienne Tshisekedi, le candidat de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui comptait malgré tout maintenir son meeting en centre-ville, avait été bloqué à l’aéroport par un barrage de quatre pick-up et un camion blindé et grillagé en travers de la route qui mène a la capitale congolaise.
Vers 23H30 (22H30 GMT), alors que des discussions avaient été engagées entre la police et des représentants de la mission de l’ONU au Congo (Monusco) et que le barrage semblait en train d’être levé, des policiers ont voulu faire partir de force la vingtaine de voitures du convoi de M. Tshisekedi, en poussant les gens à coups de matraques dans leurs véhicules, a constaté un journaliste de l’AFP.
Durant ces incidents, le secrétaire général de l’UDPS Jacquemin Shabani a été embarqué sans ménagement, tandis que sept ou huit policiers tentaient d’extirper de force le chauffeur du 4×4 d’Etienne Tshisekedi, assis imperturbable à l’avant. Le convoi s’est finalement ébranlé vers 23H50 locales en direction de la capitale, et M. Tshsekedi a été ramené chez lui. L’avenue de l’aéroport vers la ville, habituellement encore animée un samedi soir normal, était totalement déserte et dans le noir.
La Monusco "complice"
Peu de temps auparavant, Etienne Tshisekedi avait accusé la mission de l’ONU en RD Congo (Monusco) d’être "complice du pouvoir".
"Je suis agressé par la police (du président) Kabila, la police ne veut pas que je rentre chez moi. La Monusco propose comme solution que je sois escorté et juge légal ce que (Joseph) Kabila fait", avait-il déclaré à quelques journalistes en refusant d’être escorté "comme un prisonnier".
Pour le dernier jour de campagne, MM. Kabila et Tshisekedi avaient prévu de tenir leurs derniers grands meetings dans la capitale.
Quelques incidents s’étaient produits dans la matinée bien que la journée ait commencé dans un climat relativement serein. Selon un journaliste de l’AFP, plusieurs personnes avaient été blessées par balle aux jambes par la police dans la matinée autour de l’aéroport.
La police avait également dispersé avec des grenades lacrymogènes des militants de l’UDPS qui se rassemblaient sur le lieu prévu du dernier meeting de Tshisekedi.
Comme à l’aéroport, le face-à-face n’avait pas tardé sur le Boulevard triomphal et la place du Cinquantenaire. Alors que des camionnettes blanches bondées déversaient des flots de partisans de Tshisekedi, la police a rapidement tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la foule, tandis que les militants pro-Kabila convergeaient tranquillement vers le stade des Martyrs pour y attendre "leur" président, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 10 ans et favori à sa propre succession.
De son côté, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) était engagée dans une course contre-la-montre pour organiser le scrutin de lundi.
Déjà accusée d’avoir pris du retard, elle a même eu la météo contre elle jeudi: une trentaine d’avions et d’hélicoptères qui devaient transporter les bulletins de vote à travers le pays sont restés cloués au sol.
Mais, vendredi, elle a promis que la date du scrutin serait maintenue.
Dans un communiqué publié dimanche, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé les dirigeants politiques et le peuple congolais à "faire preuve de retenue".
"Je tiens à souligner que le Gouvernement de la République démocratique du Congo a la responsabilité première d’assurer un environnement sécurisé pour les élections", a ajouté M. Ban.
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