Rwanda : la dynamique numérique en applications
Un réseau de fibre optique performant couvre désormais l’ensemble des régions rwandaises. Reste à développer son utilisation dans tous les secteurs économiques et sociaux. Dans le public comme dans le privé, les innovations ne manquent pas.
Rwanda : l’âge de raison
Les infrastructures sont là. Depuis l’an dernier, 2 300 km de fibre optique irriguent les 30 districts du pays, désormais tous couverts par un réseau internet mobile de bonne facture. Il s’agit maintenant de l’utiliser. C’est tout l’objectif du troisième plan quinquennal de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC), approuvé par le gouvernement rwandais en mars.
Les deux premiers avaient eu pour objectifs respectifs de mobiliser les Rwandais autour de la nécessité de développer ce secteur, appelé à être un pilier de l’économie de la connaissance souhaitée par le gouvernement, puis de développer les infrastructures nécessaires à son émergence. Kigali considère que le contrat est rempli. « En réalité, nous avons même bâti volontairement des réseaux d’une capacité très supérieure à ce qui est nécessaire pour préparer l’avenir », explique Patrick Nyirishema, responsable des TIC à l’Office rwandais du développement.
B.a.-bazerty
Les traces de craie qui y sont incrustées sont trompeuses. Cela fait bien longtemps qu’on n’utilise plus le tableau noir dans cette salle de classe de la Camp Kigali School. Depuis que l’école bénéficie du programme One Laptop per Child (« un ordinateur portable par enfant »), cette pièce équipée d’une seule prise électrique est devenue la salle informatique des 2 500 élèves de l’établissement, et les 10-12 ans y passent une heure vingt par semaine pour apprendre le b.a.-ba du maniement d’un ordinateur. Depuis 2008, le gouvernement a acquis quelque 200 000 portables et déjà équipé 208 écoles publiques. L’objectif est d’arriver au double. P.B.
La prochaine étape est de passer le relais au secteur privé pour mettre la technologie au service du développement des différents secteurs (information, tourisme, santé, agriculture, éducation, etc.) et du pays en général. Certaines applications, qui fonctionnent déjà, donnent un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler le Rwanda de demain. Le Rwanda 3.0.
Santé
Un suivi médical bien assuré
C’est devenu un geste quotidien pour la plupart des cadres du ministère de la Santé : se connecter au système de gestion des informations sanitaires. Ils peuvent y suivre, mois après mois et district par district, l’évolution des indicateurs pertinents pour leur fonction, du nombre de nouveaux cas de paludisme à celui des actes de violence faits aux femmes. Car, dans tous les centres de santé du pays, des responsables des données sont désormais chargés de faire remonter les informations du terrain via ce système.
Le Rwanda s’est en effet lancé dans un vaste programme d’informatisation de la santé, baptisé e-Health. Son précurseur, TracNet, lancé en 2005, permettait de suivre l’évolution de l’épidémie de sida et d’anticiper l’acheminement des traitements. « C’était particulièrement important pour le traitement du sida, parce que tout arrêt des médicaments peut être très dangereux », indique Richard Gakuba, coordonnateur national des programmes e-Health. TracNet fonctionne toujours et la plupart des autres maladies sont maintenant suivies par un système similaire. En outre, un logiciel de gestion des stocks de médicaments, que pourra utiliser chaque hôpital pour réclamer des livraisons, doit être mis en place d’ici au début de 2013.
Depuis 2010, les grossesses font également l’objet d’un suivi automatisé. Chaque village dispose théoriquement de deux correspondants formés pour transmettre par SMS des informations telles que le nom des femmes nouvellement enceintes, la date de leurs dernières menstruations ou encore les éventuelles maladies contractées pendant la grossesse. « Le système les prévient au moment de passer des examens et lorsqu’elles sont proches du terme pour qu’elles s’orientent vers un centre de santé », explique Richard Gakuba. Tous ces correspondants ne sont pas encore pleinement opérationnels, reconnaît-il toutefois. Pas facile de suivre le rythme technologique imposé par le ministère.
Tourisme
Voyages à la carte avec Google
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Qui peut augmenter la visibilité d’un pays pour les touristes sans réclamer un dollar ? Le Rwanda est le premier pays du continent à avoir trouvé la réponse : Google. Le moteur de recherche le plus utilisé a en effet choisi le pays des Mille Collines comme projet pilote en Afrique pour la cartographie des installations touristiques.
En mars, l’Office rwandais du développement a donc communiqué au géant de l’internet ses données sur les principales attractions touristiques, les hôtels, les restaurants, les centres commerciaux, les bureaux de change et autres services, afin qu’elles soient recensées sur les cartes interactives Google Maps. Les acteurs du secteur ont aussi été invités à entrer eux-mêmes les informations relatives à leurs établissements. Les futurs visiteurs du Rwanda auront donc la possibilité d’organiser leur itinéraire de voyage en quelques clics, sans bouger de chez eux.
Agriculture
Des marchés à portée de main
Utiliser les dernières technologies pour prêter main-forte aux plus faibles, c’est la philosophie de l’application e-Soko (« e-marché », en kinyarwanda). Grâce à ce programme lancé en 2010, les agriculteurs peuvent s’informer en temps réel, par SMS, sur les prix de leurs produits (78 sont répertoriés) sur le marché de leur choix (parmi 62 proposés). Le système est au point, mais le nombre total d’utilisateurs (70 000) reste bien en deçà des espérances. C’est pourquoi une deuxième phase est en préparation, qui devrait voir la mise en place d’un serveur vocal (pour les illettrés), l’ouverture du service à tous les opérateurs (jusqu’à maintenant, seul MTN le propose) ainsi que la possibilité pour les agriculteurs de faire connaître le prix et la quantité de denrées qu’ils souhaitent vendre.
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