Terrorisme : face à Aqmi, la France et la Mauritanie serrent les rangs

Face à la menace d’Aqmi, la France et la Mauritanie ont renforcé leurs liens dans le secteur de la défense. Un partenariat qui passe par la formation et la fourniture d’équipements.

Entraînement encadré par un soldat français. © DR

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Publié le 5 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Mauritanie : sur un fil
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Mauritanie : sur un fil

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Sécurité nationale et défense du territoire sont en permanence à l’agenda de Mohamed Ould Abdelaziz. Le putsch du 6 août 2008 avait certes valu à Nouakchott sanctions et suspension de l’aide étrangère, mais « Aziz » avait vite su regagner la confiance de la communauté internationale et notamment de son partenaire historique, la France. Laquelle avait même fini par avaliser sa victoire à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009. Alors secrétaire d’État français chargé de la Coopération, Alain Joyandet avait argué des concessions effectuées par le général putschiste dans l’organisation du scrutin. « La Mauritanie redevient fréquentable, mais redevient aussi pour la France un partenaire de premier plan dans cette région », avait-il déclaré.

L’ancienne colonie française était alors depuis deux ans la cible d’attaques d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). L’organisation avait notamment revendiqué l’attentat-suicide perpétré aux portes de l’ambassade de France à Nouakchott, et un commando s’en réclamant avait assassiné quatre Français en décembre 2007. Face à l’ampleur de la pénétration des réseaux islamistes et par souci d’enrayer les trafics (armes, drogue, migrants), Paris s’était alors résolu à « accompagner » un homme à poigne : Mohamed Ould Abdelaziz.

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« Il est clair que la coopération de défense entre nos deux pays, qui est ancienne, s’est renforcée depuis que Mohamed Ould Abdelaziz est au pouvoir, confirme Hervé Besancenot, ambassadeur de France en Mauritanie. À partir du moment où il y avait un homme fort et des élections jugées crédibles, la France n’avait aucune raison de ne pas reconnaître le scrutin. »

Tucano

Le séjour mauritanien du général Jean-Louis Georgelin, alors chef d’état-major des armées, au début du mois d’octobre 2009, avait donné lieu à un constat de la situation sécuritaire et abouti à la vente d’équipements. L’entretien à l’Élysée entre Aziz et le président français Nicolas Sarkozy, au cours du même mois, avait d’ailleurs permis au ministère français de la Défense de cibler les besoins de la Mauritanie en la matière.

La coopération antiterroriste de la Mauritanie avec ses voisins demeure inaboutie.

Aujourd’hui, un détachement militaire opérationnel (damo) poursuit ses actions de formation auprès de l’armée mauritanienne dans le camp d’Atar (Centre-Ouest). La France avait fourni des avions Tucano, et la Mauritanie s’est récemment approvisionnée directement au Brésil en appareils Super Tucano (la gamme supérieure). Des moyens aériens qu’elle a notamment utilisés lors de ses frappes préventives sur le Nord-Mali.

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En novembre 2012, la visite du général Bruno Clément-Bollée, directeur de la coopération de sécurité et de défense au ministère français des Affaires étrangères, a permis de s’assurer de la solidité du partenariat entre les deux pays. Il faut dire que la coopération antiterroriste entre les pays frontaliers (Algérie, Libye, Niger, Mali, Mauritanie) demeure inaboutie.

Premier bailleur de fonds

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Quid des relations entre les deux pays après le refus initial de la Mauritanie de s’engager militairement dans le Nord-Mali ? « Cela n’a rien changé », assure Hervé Besancenot, qui ne fait cependant pas mystère du sentiment de « dépit » ressenti dans les plus hautes instances françaises et au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le 15 janvier à Abou Dhabi, Aziz s’est finalement dit prêt à aider le Mali si ce dernier lui en fait la demande.

L’élection de François Hollande à la tête de la France n’a pas non plus changé la donne. « Nous sommes les premiers partenaires de la Mauritanie en termes d’échanges commerciaux et les premiers bailleurs de fonds bilatéraux, poursuit Hervé Besancenot. Notre coopération se poursuit sereinement. »

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