Jock, un petit chien courageux pour vendre le cinéma d’animation sud-africain
L’Afrique du Sud recycle « Jock of the Bushveld », l’un de ses grands classiques, pour son premier film d’animation en 3D, qui sort vendredi sur les écrans du pays. Une version qui n’a pas grand chose à voir avec l’original, mais qui devrait se vendre à l’étranger.
Autobiographie de Percy Fitzpatrick, « Jock of the Bushveld » est le best-seller de la littérature sud-africaine. Paru en 1907, le livre raconte ses aventures alors qu’il conduisait des convois dans l’est du Transvaal – l’actuelle province sud-africaine du Mpumalanga -, pendant la ruée vers l’or des années 1880.
L’auteur s’est pris d’affection pour un chiot malingre mais attachant, le raté de sa portée. En grandissant, le bull terrier, baptisé Jock, est devenu un modèle de fidélité et de courage, accompagnant son maître dans bien des chasses dans le « bushveld », une savane encore sauvage à l’époque.
L’Afrique du Sud en a fait un héros national, lui élevant même plusieurs statues.
Le réalisateur sud-africain Duncan MacNeillie avait déjà transposé l’histoire à l’écran en 1986. S’il avait bien marché dans son pays, le film était resté largement ignoré à l’étranger à cause du boycott culturel qui frappait alors l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Le même MacNeillie a repris le personnage vingt ans plus tard, cette fois pour un film d’animation dans lequel les animaux parlent, clairement destiné aux enfants et à l’exportation. Et en surfant sur la mode de la 3D, pour donner du relief au bush.
« Tout le monde aime les chiens, c’est une histoire inspirante! », a raconté le réalisateur à l’AFP.
« Ca reste basé sur le classique », estime-t-il. Mais les lecteurs de Fitzpatrick auront du mal à reconnaître leur héros.
Le Jock du film reste un chiot jusqu’à la fin. Il ne chasse pas avec son maître. Contrairement à celui du livre, il ne devient pas sourd après avoir reçu un coup de sabot d’une antilope. Surtout, il ne meurt pas à la fin.
Ses aventures n’ont plus grand chose à voir avec l’original, allant jusqu’à s’égarer dans une improbable discothèque où se trémoussent babouins et phacochères dans une mine abandonnée.
Quant au narrateur –devenu Fitz–, il n’a plus qu’un rôle secondaire.
« C’est le point de vue du chien », souligne Duncan MacNeillie. Les scénaristes lui ont également inventé une fiancée française et un meilleur ami coq, ainsi qu’un maître spirituel en la personne d’un vieux sage africain dont la voix est assurée par Desmond Tutu.
La participation du prix Nobel de la paix sud-africain a d’ailleurs permis d’embaucher une autre voix célèbre: le chanteur canadien Bryan Adams.
« Je suis descendu au Cap pour rencontrer l’archevêque Desmond Tutu (. . . ). Quand je suis arrivé, il y avait Bryan Adams assis chez Tutu, qui prenait le thé », raconte le réalisateur.
La conception du film a exigé cinq ans de travail à une petite équipe basée à Johannesburg.
La décision de passer au relief a été prise en cours de route, ce qui, se réjouit le responsable du marketing Andy Rice, a donné « l’occasion de mettre l’Afrique du Sud sur la carte de la 3D ».
De fait, la cible du film, « c’est le monde », lance Duncan MacNeillie, qui pense notamment que l’atmosphère de ruée vers l’or plaira aux Américains.
« Mais nous ne voulions pas d’un décor africain pétrifié, et stéréotypé. Nous avons fait très attention de ne pas le faire ressembler au Roi Lion de Disney », précise-t-il.
En revanche, la production s’est clairement inspirée de Disney pour les nombreux produits dérivés, qui devraient permettre de rentabiliser l’opération.
Le prix du film est confidentiel. « Mais c’est très peu comparé à un film d’animation normal, peut-être 10% », précise sa porte-parole Cheryl Hunter.
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