Mali: réaménagement du gouvernement, négociations à Alger avec les rebelles touareg
Le gouvernement malien a subi jeudi un mini-réaménagement, avec la permutation des ministres de la Défense et de la Sécurité, tandis que ses représentants rencontraient à Alger des rebelles touareg qui mènent depuis mi-janvier une vaste offensive contre l’armée dans le nord du Mali.
Aux termes d’un décret du président Amadou Toumani Touré rendu public jeudi soir, les ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure ont échangé leurs postes.
Le général Sadio Gassama, précédemment ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile, a été nommé ministre de la Défense et des Anciens combattants.
Natié Pléa, qui détenait ce portefeuille de la Défense, est quant à lui devenu ministre de la Sécurité intérieure.
Le décret présidentiel n’a fourni aucune explication sur les raisons de ce changement, qui intervient sur fond de vaste offensive depuis la mi-janvier de rebelles touareg contre l’armée dans le nord du pays, cependant que le gouvernement est confronté au mécontentement croissant des familles des militaires impliqués dans ces combats.
Le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, a quant à lui entamé jeudi à Alger des discussions avec des délégués de l’Alliance du 23 mai, dont des membres combattent aux côtés du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) contre l’armée dans le nord malien.
Alger n’a ni confirmé ni démenti l’existence de tels pourparlers.
L’Alliance du 23 mai rassemble d’ex-rebelles touareg qui, après avoir repris les armes en mais 2006, avaient signé avec le gouvernement malien, sous l’égide de l’Algérie, des accords de paix dits « accords d’Alger ».
Depuis le 17 janvier, le MNLA et d’autres rebelles touareg mènent dans le nord malien une offensive visant, selon un porte-parole du mouvement, à libérer « le peuple de l’Azawad » de l’ »occupation » du Mali, l’Azawad étant une région naturelle considérée comme le berceau des Touareg.
Les rebelles ont attaqué plusieurs villes : Ménaka, Aguelhoc et Tessalit, puis Léré et Niafunké.
Ces attaques ont fait plusieurs morts et blessés des deux côtés, chaque camp faisant état de lourdes pertes chez l’adversaire, mais leurs bilans sont difficiles à confirmer de sources indépendantes.
Les assauts ont provoqué l’exode de milliers de personnes, qui ont trouvé refuge dans des campements au Mali, mais aussi au Niger et en Mauritanie.
Eviter l’amalgame entre rebelles et civils touareg
Des familles des militaires engagés dans le Nord, qui dénoncent le silence sur la situation de leurs proches et la « mollesse du pouvoir » face aux rebelles, expriment depuis mardi leur colère.
Ces manifestations de rue se sont poursuivies jeudi à Bamako, Ségou (centre) et surtout à Kati, ville-garnison à 15 km de la capitale, où, selon des témoins, des propriétés de Touareg ont été saccagées.
Des épouses et enfants de militaires ont marché de Kati à Koulouba, où est situé le siège du Palais présidentiel. Le président Touré y a reçu une délégation qui lui a exposé ses griefs. « Nous avons trouvé un consensus provisoire avec lui », a indiqué sans autres détails une porte-parole des manifestantes, Oumou Diakité.
Plusieurs dizaines de Mauritaniens vivant au Mali se sont réfugiés jeudi à l’ambassade de Mauritanie à Bamako, craignant pour leur sécurité, et affirmant avoir peur d’être pris pour des Touareg.
La veille, le président Amadou Toumani Touré avait exhorté les Maliens à ne pas faire « l’amalgame » entre rebelles et civils touareg. « Ceux qui ont attaqué certaines casernes militaires et localités au Nord ne doivent pas être confondus avec nos autres compatriotes », d’autres communautés, dont les Touareg, avait-il déclaré.
La France a salué jeudi cette invitation à « éviter toute violence communautaire », tout en appelant au dialogue.
Mais le même jour, un Touareg a affirmé au téléphone à l’AFP que ses parents avaient échappé la veille à un lynchage à Kati grâce à l’intervention de gendarmes. « Des familles de Touareg ont évacué Kati. (. . . ) Beaucoup de gens ont quitté le Mali » en avion ou par la route, a-t-il assuré.
Quelque 4. 500 Maliens ayant fui les combats dans le nord du Mali sont entrés en Mauritanie ces derniers jours. Ils ont été recensés « avec l’aide du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) » de l’ONU dans la région de Vassala, à la frontière entre les deux pays, selon une source administrative en Mauritanie.
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