Swaziland: l’opposition manifeste pour la démocratie

Etudiants et syndicalistes swazis ont appelé à quatre jours de manifestations à partir de mercredi pour protester contre l’absolutisme du roi Mswati III, dont le régime est de plus en plus contesté, quand bien même le pouvoir semble ne rien vouloir céder.

Swaziland: l’opposition manifeste pour la démocratie © AFP

Swaziland: l’opposition manifeste pour la démocratie © AFP

Publié le 11 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Les manifestations marquent l’anniversaire, jeudi, de l’interdiction des partis politiques et de la suspension de la Constitution, le 12 avril 1973, qui ont permis au roi de gouverner par décrets.

« La capacité du pays à reconstruire l’économie (. . . ) ne sera jamais possible dans le cadre du système actuel », a souligné Mandla Hlatjwako, l’un des fondateurs de la Coalition des organisations civiques du Swaziland, qui participe à la coordination des manifestations.

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« Il est donc immoral, et c’est franchement une honte, que les dirigeants actuels du Swaziland n’aient pas le courage et la sagesse de faire ce qu’il faut », a-t-il déclaré.

Les manifestations se sont multipliées ces derniers mois, alors que le très pauvre royaume du Swaziland s’enfonce dans une grave crise financière. Le roi et ses treize femmes n’ont pas pour autant réduit leur train de vie.

La pression devrait s’accroître avant des élections prévues l’année prochaine.

Depuis trente ans, les élections sont devenues une forme bien huilée de soutien au dernier monarque absolu d’Afrique avec des candidats favorables au régime, mais les manifestants veulent désormais que les partis politiques puissent y participer.

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Ils veulent aussi que le gouvernement abandonne l’introduction d’une TVA de 14% imposée le 1er avril.

Les finances publiques du Swaziland dépendent largement des revenus tirés de l’Union douanière d’Afrique australe, un bloc régional ultra-dominé par l’Afrique du Sud voisine. Mais celle-ci a imposé une redistribution des cartes en fonction du poids réels des cinq pays de l’Union, ce qui s’est traduit pour Mbabane par une spectaculaire chute des recettes.

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Aide du mouvement syndical sud-africain

Or, le gouvernement swazi a préféré financer armée, voyages des dignitaires du régime et même construction d’un nouvel aéroport à l’utilité contestable, plutôt que de payer ses fonctionnaires ou de maintenir écoles et cliniques ouvertes.

Etudiants et syndicats, seule forme d’opposition en l’absence de partis politiques, contestent ces choix.

Les premières grandes actions de masse contre Mswati III, lancées il y a un an autour du 12 avril, avaient été violemment dispersées par les forces de l’ordre.

Plus de 60 manifestations ont été recensées depuis. Elles sont certes souvent restées modestes, mais sont la preuve que les choses changent dans ce royaume qui tolère peu la dissidence.

Le gouvernement a réagi en serrant les vis. Il a notamment dissous le nouveau Congrès des syndicats du Swaziland.

Mais Mario Masuku, chef de file du Pudemo, le principal mouvement d’opposition (interdit), note que les dissidents ont depuis longtemps appris la clandestinité.

« Depuis que nous sommes interdits et ne pouvons pas fonctionner ouvertement, nous avons essayé d’influencer l’orientation et le rythme de la lutte par les syndicats, les étudiants, les ONG et l’Eglise », a-t-il expliqué à l’AFP.

L’opposition est en outre aidée depuis l’Afrique du Sud par la puissante fédération syndicale Cosatu.

« Cette résistance à laquelle nous assistons (. . . ) prend maintenant la forme de protestations bien organisées », relève Bongani Masuku, un Swazi en exil, qui dirige l’action internationale du Cosatu, faisant implicitement allusion à la lutte contre l’apartheid à laquelle le mouvement syndical sud-africain a activement participé.

Le politologue Dumsani Hlophey estime toutefois que le Swaziland est dans une impasse, les manifestants n’étant pas assez forts pour faire pencher la balance alors que le Palais ne veut rien savoir.

« Le pouvoir resserre son emprise et il n’y a aucune indication qu’un règlement politique soit imminent, comme nous pourrions le souhaiter », selon lui.

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