A Juba, Clinton exhorte les deux Soudans à des « compromis »
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a, lors d’une brève visite à Juba vendredi matin, pressé le Soudan et le Soudan du Sud d’accepter des « compromis » pour régler les différends qui empoisonnent leurs relations depuis la partition soudanaise et les ont conduits au bord de la guerre.
« Il est urgent que les deux parties, Nord et Sud, aillent au bout de leurs efforts et parviennent dans les plus brefs délais à des accords sur toutes les questions en suspens », a déclaré Mme Clinton devant la presse, au côté de son homologue sud-soudanais Nhial Deng Nhial, après une rencontre avec le chef de l’Etat Salva Kiir.
« Les deux pays vont devoir trouver des compromis pour combler les divergences qui subsistent entre eux », a-t-elle ajouté, en référence aux sujets non réglés par l’accord de paix signé en 2005 par Khartoum et Juba et ayant débouché sur l’indépendance du Soudan du Sud, le 9 juillet 2011.
« Même si le Soudan du Sud et le Soudan sont désormais des Etats séparés, leurs destins restent inextricablement liés », a-t-elle souligné.
Mme Clinton, plus haute personnalité américaine à se rendre au Soudan du Sud depuis la partition, est restée à peine plus de trois heures à Juba, avant de redécoller pour Kampala, où elle était arrivée jeudi soir en provenance du Sénégal, dans le cadre d’une longue tournée dans sept pays d’Afrique.
Parmi les litiges opposant les deux Soudans figurent la démarcation de leur frontière, le statut de zones contestées et le partage de la manne pétrolière du Soudan d’avant partition. Les deux pays s’accusent aussi mutuellement de soutenir des groupes rebelles sur le territoire de l’autre.
Des pourparlers en cours à Addis Abeba, sous l’égide de l’UA, n’ont pour l’heure débouché sur aucun progrès notable, malgré la date butoir du 2 août que leur avait donnée, sous peine de sanctions, le Conseil de sécurité de l’ONU pour régler leurs différends.
Mme Clinton a appelé vendredi Juba à conclure « un accord provisoire » avec Khartoum sur le pétrole, afin de permettre une reprise de la production sud-soudanaise, à l’arrêt depuis janvier.
« Aide ne veut pas dire substitution »
Le Soudan du Sud, qui a récupéré les trois quarts des réserves de brut du Soudan d’avant la partition mais dépend des oléoducs du Nord pour l’exporter, a fermé ses robinets, furieux que Khartoum prélève une partie de son pétrole faute d’accord sur les redevances de passage.
Cet arrêt de la production a privé le jeune Etat de 98% de ses ressources et entraîné une forte poussée de l’inflation, tout en aggravant la situation économique déjà difficile de son voisin.
« Vous avez fait valoir votre point de vue de manière forte et irréfutable sur vos droits et vos ressources », a dit Mme Clinton à M. Nhial, mais « il faut que ces ressources coulent à nouveau pour que vous puissiez (en) bénéficier ».
« Nous pensons qu’un accord provisoire avec le Soudan sur la production et le transport du pétrole peut permettre de résoudre les besoins à court terme de la population sud-soudanaise, tout en vous donnant les moyens et le temps de rechercher des solutions à plus long terme », parmi lesquelles un nouvel oléoduc, a-t-elle ajouté.
L’aide américaine se poursuivra, mais « aide ne veut pas dire substitution », a-t-elle souligné, alors que Juba a sollicité des prêts de ses alliés pour pallier l’absence de revenus pétroliers.
Mme Clinton a rappelé « les liens très étroits » et antérieurs à l’indépendance, entre son pays et les dirigeants sud-soudanais, Washington ayant soutenu la rébellion sudiste, désormais au pouvoir à Juba, durant les décennies de guerre civile contre Khartoum.
Néanmoins, « nous ferons savoir ce sur quoi nous sommes d’accord et ce sur quoi nous ne le sommes pas », a-t-elle noté.
« Des défis importants subsistent » après un an d’existence du Soudan du Sud, a aussi souligné Mme Clinton, évoquant la violence persistante à la frontière soudanaise, les tensions ethniques – dont certaines ont dégénéré en affrontements meurtriers en début d’année – et les insuffisances en matière d’infrastructures et d’Etat de droit.
De retour à Kampala, la secrétaire d’Etat a rencontré vendredi le président ougandais Yoweri Museveni et visité une base militaire, où elle a évoqué la traque contre Joseph Kony, chef de la sanglante rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), menée par l’armée ougandaise et l’Union africaine (UA) avec le concours d’une centaine de membres des forces spéciales américaines.
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