Mali: Washington soutient une action militaire africaine, sous conditions

Les Etats-Unis soutiennent une éventuelle intervention militaire ouest-africaine au Mali pour déloger des islamistes armés comme Al-Qaïda, mais sous conditions et d’abord en rétablissant la démocratie à Bamako, selon le département d’Etat et des experts.

Mali: Washington soutient une action militaire africaine, sous conditions © AFP

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Publié le 13 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Alors qu’une résolution proposée par la France a été adoptée vendredi par le Conseil de sécurité de l’ONU, le département d’Etat a prévenu dans un communiqué que la crise au Mali se réglera par une « approche globale » sur plusieurs fronts: « Rétablir l’autorité de l’Etat malien sur tout le territoire et affronter la menace posée par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et ses affiliés ».

Dans un entretien accordé à l’AFP, le secrétaire d’Etat adjoint américain pour l’Afrique, Johnnie Carson, a également plaidé pour le « retour d’un gouvernement démocratiquement élu » d’ici à avril 2013 au Mali, ainsi que pour un réglement du « sort des Touareg et de la crise humanitaire ».

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Quant à la « question du terrorisme dans le nord », elle trouvera une « réponse militaire », a assuré ce diplomate américain de haut rang.

Le Conseil de sécurité a donné 45 jours à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et à l’Union africaine pour préciser les modalités d’une intervention militaire dans le nord du Mali et a invité le gouvernement malien et les rebelles touareg à négocier une solution politique.

Bamako avait demandé à l’ONU un mandat pour une « force militaire internationale » avec un déploiement de troupes ouest-africaines pour l’aider à reconquérir le nord contrôlé par des islamistes armés, dont ceux d’Aqmi. Ce possible feu vert du Conseil de sécurité sera donné via une seconde résolution, au plus tôt à la fin de l’année.

Signe de l’inquiétude de Washington, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a répété vendredi qu’ »Aqmi et d’autres groupes terroristes tentaient d’étendre leur emprise depuis leur bastion du nord du Mali ». L’expulsion de ces extrémistes armés passe par « une opération militaire conduite par des Africains, par la Cédéao, mais qui doit être bien préparée, bien organisée et bien financée », a insisté Johnnie Carson.

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« Une crise à multiples facettes »

Le diplomate n’a toutefois pas dévoilé « la nature de la contribution » éventuelle de son pays, mais des spécialistes interrogés par l’AFP doutent d’une « intervention militaire américaine directe ».

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Pour Richard Downie, du Center for Strategic International Studies (CSIS) de Washington, les Etats-Unis fourniront « un soutien logistique, du renseignement, peut-être des drones ».

Son collègue Gilles Yabi, de l’International Crisis Group (ICG), met aussi en garde: « Ce ne sera pas une simple opération de maintien de la paix, mais une véritable intervention militaire sur un terrain très difficile et contre des groupes très mobiles ».

De toutes façons, « avant de penser à une opération sécuritaire dans le nord, il faut régler les problèmes politiques à Bamako », souligne M. Downie.

Le basculement du nord du Mali dans l’escarcelle islamiste résulte en partie d’un coup d’Etat à Bamako le 22 mars qui a renversé le président Amadou Toumani Touré. Son auteur, le capitaine Amadou Haya Sanogo, s’est retiré du pouvoir en avril mais reste influent.

« La crise malienne est à multiples facettes (. . . ) et requiert une stratégie à la fois politique, diplomatique et militaire », analyse M. Yabi. A ses yeux, « le Mali ne se résume pas à de la lutte contre le terrorisme, mais il s’agit aussi de l’effondrement d’institutions étatiques, comme l’armée, et de la coexistence de diverses communautés dans le nord », en allusion à la minorité touareg.

La rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avait lancé l’offensive dans le nord en janvier. D’abord allié aux islamistes, le MNLA avait ensuite été évincé.

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