Militaires jugés pour le meurtre d’un Ivoirien: un innocent pour sa famille

Les militaires français jugés à Paris pour l’avoir tué dans son pays n’ont aucun doute, l’Ivoirien Firmin Mahé était un criminel, un « coupeur de route », même si des proches de la victime sont venus d’Abidjan pour affirmer lundi devant la cour d’assises qu’ils avaient éliminé un innocent.

Militaires jugés pour le meurtre d’un Ivoirien: un innocent pour sa famille © AFP

Militaires jugés pour le meurtre d’un Ivoirien: un innocent pour sa famille © AFP

Publié le 4 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

L’audience s’est achevée lundi soir sur un rebondissement: trois proches qui étaient bloqués jusqu’alors à Abidjan par des problèmes administratifs et assistaient pour la première fois au procès, ne l’ont pas reconnu sur une photo prise par les militaires peu avant sa mort.

« Aucune de ces personnes ne reconnaît la personne dont elle serait le frère, le cousin, la compagne », a constaté un avocat de la défense, Jacques Trémolet de Villers, avant de demander à la cour, comme ses confrères, de les déclarer irrecevables.

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La cour rendra sa décision sur ce point mardi matin.

« Mahé, c’est un parent à moi, il venait faire des travaux de plomberie chez moi, ce n’est pas un coupeur de route. C’est un mensonge », a déclaré Madeleine Monahin, 62 ans, appelée à la barre en tant que témoin. Pasteur, elle s’occupe du fils de Firmin Mahé, qui a 8 ans et n’est pas venu parce qu’il est à l’école, a-t-elle dit.

Quatre militaires français, anciens membres de la force Licorne en Côte d’Ivoire, sont jugés depuis le 27 novembre pour le meurtre de Firmin Mahé, étouffé le 13 mai 2005 avec un sac plastique alors que, blessé à la jambe, il était transporté dans un véhicule blindé entre Bangolo et Man, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.

C’est du mensonge!

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Les quatre accusés sont le colonel Eric Burgaud, qui a reconnu avoir transmis l’ordre que Mahé n’arrive pas vivant à destination, l’adjudant-chef Guy Raugel, qui a étouffé Mahé, le brigadier-chef Johannes Schnier, qui maintenait la victime, et le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule.

Pour les militaires, Mahé était un chef de bande de coupeurs de route, dépouillant les voyageurs et semant la terreur dans la zone tampon, dite « zone de confiance », instituée entre le nord du pays tenu par la rébellion et le sud loyaliste.

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Selon eux, les autorités de son village auraient même refusé de récupérer son corps, tant il avait déshonoré les siens. Autre preuve qu’ils avaient bien ciblé le « bon » Mahé, les exactions se sont arrêtées après sa mort.

La famille, elle, estime qu’il y a eu confusion entre Firmin Mahé et un homonyme, Nestor Mahé, qui se faisait appeler « Zas » et a été arrêté à la même époque.

Dire que Mahé est un coupeur de route « est un mensonge », ont à leur tour déclaré trois représentants de la famille, parties civiles au procès: un frère, Jacques Dahou, un neveu, Basile Gninihon, et la compagne de Mahé, Edith Zahe Die. A Abidjan, il était plombier et lorsqu’il allait au village, il cultivait le riz, ont-ils tous affirmé. Edith Zahe Die était avec lui lorsqu’il avait été repéré par les militaires français, marchant au bord d’une route. « Je ne sais pas pourquoi ils l’ont tué, jusqu’à présent », a-t-elle dit, avant de s’énerver et de répéter que « tout ça c’est du mensonge ».

Le témoignage très attendu du général Henri Poncet, qui commandait la force Licorne en 2005, est prévu mardi. Eric Burgaud dit avoir tenu de lui l’ordre implicite de tuer Firmin Mahé, ce que le général a toujours nié.

L’ancienne ministre française de la Défense Michèle Alliot-Marie est également attendue comme témoin mardi.

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