Le Niger veut s’acheter un avion présidentiel grâce à Areva, qui dément

Le Niger compte s’acheter un nouvel avion présidentiel avec le concours d’Areva, mais le groupe nucléaire français, qui exploite depuis des décennies l’uranium dans le nord du pays, a démenti le versement d’une aide budgétaire qui suscite la polémique.

Le Niger veut s’acheter un avion présidentiel grâce à Areva, qui dément © AFP

Le Niger veut s’acheter un avion présidentiel grâce à Areva, qui dément © AFP

Publié le 12 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Areva a accordé au Niger « une aide budgétaire sans conditions et non ciblée de 17 milliards de FCFA (environ 26 millions d’euros) », a déclaré à l’AFP Zakari Oumarou, président du groupe parlementaire du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNSD, au pouvoir).

« Le gouvernement nigérien a alors décidé d’affecter 10 milliards FCFA (15 millions d’euros) pour l’achat d’un avion présidentiel, pour lequel l’Etat nigérien a déjà inscrit 4 milliards FCFA (6 millions d’euros) sur le budget 2013 », a-t-il poursuivi, assurant que cet achat est « une nécessité » compte tenu du « poids de l’âge » de l’appareil actuel.

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« Les 7 autres milliards FCFA (près de 11 millions d’euros) d’Areva seront affectés à l’achat d’un avion de reconnaissance militaire pour notre armée », a ajouté le député.

« Tous ceux qui s’agitent autour de cette affaire font preuve de mauvaise foi », a-t-il lancé, alors qu’une polémique a éclaté sur ce dossier.

Mais Areva a démenti avoir versé une telle aide budgétaire. « Il n’y a pas eu de versement de la part du groupe », a assuré une porte-parole, contactée par l’AFP à Paris.

Cette controverse survient alors que le gouvernement du président Mahamadou Issoufou a mis récemment Areva sous pression. Le Niger, qui compte parmi les grands producteurs mondiaux d’uranium mais reste l’un des pays les plus pauvres du monde, a critiqué fin octobre le partenariat historique « très déséquilibré » avec la compagnie, et a réclamé des retombées plus importantes.

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Concernant l’aide budgétaire évoquée, des députés d’opposition ont dénoncé la manière dont elle a été inscrite au projet de budget 2013, via un simple courrier du ministre de l’Economie à la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Certains se demandent aussi s’il s’agit d’une « compensation » d’Areva pour le retard pris dans le chantier de la mine d’uranium géante d’Imouraren (nord), dont l’ouverture a été reportée à fin 2014 selon le groupe, à 2016 selon une source gouvernementale nigérienne.

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« bonus »?

« Nous nous demandons si ces 17 milliards sont un +bonus+ de la part d’Areva, une compensation au Niger suite à la non-exploitation du gisement d’Imouraren dans les délais, ou si c’est un cadeau au président de la République pour qu’il s’achète un avion », a indiqué Ousseïni Salatou, porte-parole de l’Alliance pour la réconciliation nationale (ARN, opposition).

Une telle aide « peut ressembler à de la corruption, ça commence comme ça par de petits cadeaux et cela va voiler la vraie question qui est qu’Areva doit payer notre uranium à son juste prix », a renchéri Abba Hassane, membre d’Alternative espace citoyen, une organisation de la société civile.

« Il y a sûrement une contrepartie que nous ignorons et que le peuple nigérien a le droit de savoir », a-t-il tonné.

Dans un communiqué, l’Observatoire du nucléaire, une ONG française, a dénoncé « une manoeuvre de corruption, probablement sur le plan légal et assurément sur le plan moral, par Areva qui entend ainsi perpétuer sa mainmise sur les réserves d’uranium du Niger ».

L’ONG, dont Areva a rejeté les « allégations mensongères », a interpellé le gouvernement français sur cette affaire.

Si des opposants pensent que l’achat d’un nouvel avion serait un « scandale » vu les difficultés du Niger, un responsable de l’aéroport de Niamey a jugé l’appareil actuel « trop fatigué ». « Il mérite une place dans un cimetière, le remplacer est une question de vie ou de mort », a-t-il assuré, sous couvert d’anonymat.

L’actuel avion présidentiel, dénommé « Mont Baguezam » (en référence à un sommet du pays, dans le Nord désertique), a été acheté à la fin des années 1970 par l’ancien général-président Seïni Kountché.

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