Des milliers de mineurs sud-africains silicosés réclament des indemnités

Près de 17. 000 mineurs retraités sud-africains atteint de silicose ont déposé fin décembre une plainte collective contre leurs ex-employeurs, et les sociétés minières, déjà affaiblies par des crises successives, redoutent désormais de devoir verser des indemnités gigantesques qui mettrait en péril leur activité même dans le pays.

Des milliers de mineurs sud-africains silicosés réclament des indemnités © AFP

Des milliers de mineurs sud-africains silicosés réclament des indemnités © AFP

Publié le 25 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Au total, la plainte vise trente mines d’or, dont les employés affirment avoir contracté la silicose, une maladie pulmonaire mortelle, en respirant la poussière au fond des galeries.

Plusieurs plaintes ont déjà été déposées dans le passé, mais c’est la première fois qu’un tel nombre de plaignant se regroupent pour faire valoir leurs droits. Affaiblies par la hausse des coûts d’exploitation et par les récents conflits sociaux, les sociétés minières ne prennent pas la menace à la légère.

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« La demande soulève un certain nombre de questions complexes et AngloGold Ashanti a l’intention d’y répondre par des procédures judiciaires appropriées, pour que l’affaire soit traitée à sa juste valeur », explique Alan Fine, porte parole d’une des entreprises mise en cause.

Pour lui, la question de la silicose ne concerne pas seulement le secteur minier, « mais aussi l’Afrique du Sud dans son ensemble ».

L’enjeu est de taille: le secteur minier sud-africain représente directement près de 9% du PIB, et 19% si l’on inclut les activités annexes. Même si le secteur de l’or reste le moins développé, par rapport au charbon ou au platine, mais les mines d’or emploient tout de même directement 160. 000 personnes.

Pour Peter Major, consultant en exploitation minière, un tel procès reviendrait à donner le coup de grâce à un blessé. « Voulez-vous vraiment abattre pour toujours les mines dans un pays qui a 30% de chômage? » (25,5% selon le chiffre officiel NRLD) demande le consultant.

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Personne ne sait combien pourrait coûter une condamnation, mais tous les experts sont convaincus que la facture se chiffrerait en millions de dollars. Les entreprises mettent en avant les risques pour l’emploi.

« Il n’y aura plus de poule aux oeufs d’or » prévient Peter Major, « la poule restera peut-être mais certainement pas les oeufs en or ».

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Pour autant, tous les spécialistes ne sont pas aussi alarmistes.

Peter Attard Montalto, analyste des marchés émergents chez Nomura, ne pense pas que l’affaire puisse avoir un impact immédiat sur les marchés. Par contre il craint le pire dans les années à venir.

Les marchés « pourraient bien bouger, surtout si les pénalités sont très importantes » explique l’analyste en ajoutant que selon le prix des matières premières, les exploitants pourraient à long terme envisager de vendre leurs sites.

Cette plainte de masse, une première dans l’histoire sud-africaine, a toutes les chances de faire boule de neige. Selon Richard Spoor, l’un des principaux avocats des mineurs, tous les mois près de 500 personnes s’ajoutent à la liste.

Ce nombre ne devrait d’ailleurs pas diminuer, car le vivier de plaignants est énorme : des recherches ont estimé que près de 280. 000 personnes ont travaillé au moins dix ans dans les mines d’or sud-africaines, donc assez longtemps pour contracter la maladie.

Pour les militants, lutter contre la silicose est tout à fait possible, mais pour cela il faut que les exploitants investissent pour rendre les conditions de travail plus sûres. D’ailleurs, la maladie a complètement été éliminée en Australie, en Amérique ou en Grande-Bretagne, pays aussi riches en mines d’or.

« Mais en Afrique du Sud nous continuons à entendre tous les ans que de nouvelles personnes ont été touchées par la maladie » raconte Richard Spoor, dont le plus vieux client a commencé à travailler en 1965.

La silicose est une maladie pulmonaire courante chez les mineurs. Incurable, elle se déclenche lorsque les mineurs sont exposés trop longtemps à des quantités excessives de poussière de silice. La poussière de silice reste irrémédiablement dans les poumons, et, petit à petit, les endommage.

Le procès ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs mois.

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