Nigeria: un train relie à nouveau le Nord et le Sud

Dans le hall de la gare d’Iddo, à Lagos, par un vendredi de février, des passagers passent d’une file à l’autre sans bien savoir combien coûtent les billets ni quels seront les arrêts. Certains s’apprêtent à monter dans un train pour la première fois.

Nigeria: un train relie à nouveau le Nord et le Sud © AFP

Nigeria: un train relie à nouveau le Nord et le Sud © AFP

Publié le 13 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

La ligne Lagos-Kano, qui relie la capitale économique du Nigeria, dans le Sud, et la plus grande ville du nord du pays, distante de 1. 000 kilomètres, construite sous l’ère coloniale par les Britanniques, a rouvert en décembre, après avoir été fermée pendant plusieurs décennies.

Cette ligne fait partie d’un programme lancé par la compagnie ferroviaire nationale nigériane (NNRC) pour restaurer le réseau ferré nigérian .

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Une initiative bienvenue dans le pays le plus peuplé d’Afrique, où les routes sont parmi les plus dangereuses du monde à cause, notamment, des fréquents accidents mortels et des attaques de véhicules par des bandits.

Si le développement des moyens de transport entre les plus grandes villes du pays est essentiel au niveau commercial, cette nouvelle ligne a aussi une portée symbolique très forte dans un pays divisé entre un Nord principalement musulman et un Sud en majorité chrétien.

Niyi Alli, directeur des opérations de la NNRC, assiste au départ du train presque tous les vendredis depuis décembre. « C’est notre ligne-phare », explique-t-il.

Malgré les violences dans le centre du pays, zone de tension entre chrétiens et musulmans, et l’insurrection meurtrière menée par les islamistes dans le Nord, il y a toujours « une migration massive de gens dans les deux directions, tous les jours », dit-il.

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Pour M. Alli, le train va redevenir populaire au Nigeria, car il est « une option moins chère et plus sûre » que les trajets par la route.

Les vieux wagons jaunes ornés d’une bande aux couleurs du Nigeria –blanc et vert– offrent un confort spartiate.

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David Adedamola, un comptable d’une quarantaine d’années, a opté pour une « cabine-couchette de classe affaires » pour se rendre à Kaduna, deux arrêts avant le terminus, en deux fois plus de temps que par le bus.

Son billet à 10. 000 nairas (50 euros) lui donne droit à une minuscule cabine pouvant loger deux personnes, dotée d’un lit superposé sans oreillers, d’une chaise et de toilettes individuelles –sans chasse d’eau.

Le billet le moins cher, pour atteindre le terminus de Kano, coûte un peu moins de 10 euros, et il donne droit à une place sur une étroite banquette à peine rembourrée.

Bamidele Ibrahim, une quinquagénaire qui a quitté Lagos il y a 25 ans pour suivre son mari à Kaduna, est philosophe: Elle sait déjà qu’elle ne pourra pas dormir du trajet, aussi mal installée, mais elle garde le sourire.

Le train, à demi-plein au départ de Lagos, à la mi-journée, se remplit au fil des arrêts, et à la nuit tombée, les passagers, entassés avec leurs bagages dans les couloirs, ne trouvent plus de place pour s’asseoir.

Elizabeth Bukay, montée à bord à Ibadan (sud) pour rentrer chez elle dans l’Etat du Niger (nord-ouest), a renoncé à se battre pour son siège de velours rouge, en première classe, et elle a décidé de passer la nuit sur une chaise en plastique de la voiture-bar.

La styliste de 37 ans, qui partage un cocktail à base de vin de palme sucré et pétillant et de bière avec d’autres passagers, se réjouit de ne plus avoir à prendre le bus, qui la rendait malade.

Une panne de climatisation dans un des wagons de première classe provoque la colère des voyageurs qui ont déboursé l’équivalent de 18 euros pour s’offrir un peu de confort, surtout que le voyage s’éternise.

Le train, qui devait mettre 26 heures à atteindre Kano, reste arrêté plusieurs heures dans la nuit, à cause d’un autre train qui a déraillé. Il finit par atteindre son terminus au bout de 36 heures et 47 minutes.

Il est plus de minuit quand il entre en gare, et les passagers ayant prévu de rejoindre le centre de Kano en transports en commun devront endurer une autre nuit d’inconfort, sur le quai, pour attendre les premiers bus au petit matin.

A quelques minutes de l’arrivée, Soyinka Abiodun, un officier de police, exprime dans un soupir un sentiment sans doute partagé par beaucoup d’autres personnes à bord: »Ce voyage commence à devenir ennuyeux ».

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