Nigeria: craintes pour l’élection présidentielle de 2015

L’élection présidentielle de 2015 au Nigeria pourrait sombrer dans le chaos si les « irrégularités » constatées dans une récente élection régionale ayant valeur de test se répètent à l’échelle du pays, estiment des responsables et militants politiques.

Nigeria: craintes pour l’élection présidentielle de 2015 © AFP

Nigeria: craintes pour l’élection présidentielle de 2015 © AFP

Publié le 28 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Le résultat de l’élection organisée le 16 novembre dans l?Etat d’Anambra (sud-est) pour désigner un nouveau gouverneur n’est toujours pas connu, près de deux semaines après le scrutin. La Commission électorale indépendante du Nigeria (INEC) a décidé d’organiser une « élection supplémentaire » le 30 novembre dans les lieux touchés par les irrégularités.

L’élection dans l?Anambra était considérée comme un test pour le président Goodluck Jonathan en vue de la présidentielle et des législatives qui sont programmées dans 18 mois au Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique. Le président devrait se représenter.

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Le Parti démocratique populaire de M. Jonathan (PDP) est confronté à des divisions sans précédent, des factions étant opposées à sa réélection. Mardi, un groupe de gouverneurs dissidents a rejoint le principal parti d’opposition, l’Alliance de tous les progressistes (APC).

Les résultats provisoires dans l’Etat d’Anambra ont accordé la victoire à la Grande Alliance des progressistes (AGPA) du gouverneur sortant Peter Obi, un allié de M. Jonathan.

Mais le PDP, l’APC et le Parti travailliste ont réclamé l’annulation de l’ensemble des résultats et un nouveau scrutin en raison des irrégularités constatées (retards, disparition d’urnes, de documents électoraux).

En outre, la police avait imposé des restrictions au déplacement des habitants considérées par certains comme des mesures de harcèlement et d’intimidation.

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La commission électorale critiquée

Seulement 450. 000 personnes ont participé au vote sur 1,8 million d’électeurs, relève l’avocat et militant politique Festus Keyamo, le qualifiant de « simulacre ».

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« Il y avait une pacte vicieux et contre nature entre l’INEC (la commission électorale)et le PDP pour saper le processus démocratique au Nigeria, » affirme-t-il.

« Si (le président de l’INEC Attahiru) Jega ne peut pas procéder à une élection libre et juste dans les 21 zones de gouvernement local dans l’Anambra, devrait-on lui faire confiance pour une élection qui désignera le président dans les 774 zones de la fédération (nigériane)? » s’interroge M. Keyamo. « Les Nigérians doivent se préparer au pire ».

L’ancien ministre nigérian du pétrole Tam David-West a appelé au renvoi de M. Jega afin de garantir des élections libres et équitables en 2015. M. Jega a été nommé par le président et l’INEC est financé par la présidence.

« Avec l’élection d’Anambra, Jega et ses subordonnés ont mis en danger l’élection (présidentielle) de 2015″, a-t-il déclaré.  » Il peut y avoir un cataclysme en 2015 si Jega n’est pas remplacé. Il peut plonger le pays dans le chaos ».

Par le passé, les élections au Nigeria, premier producteur de pétrole du continent, ont été entachées par des accusations de fraude généralisée et des violences meurtrières.

Les observateurs internationaux ont cependant largement salué l’INEC pour sa gestion des élections de 2011, estimant qu’elles étaient les plus équitables depuis la fin du régime militaire en 1999.

Le porte-parole de l’INEC Kayode Idowu a justifié les difficultés rencontrées lors du scrutin en Anambra par l’expérimentation d’un système de vote biométrique, qui sera généralisé en 2015, évoquant un « processus de peaufinage ».

Ce système de vote biométrique permet selon lui d’ »éviter les votes multiples et les fraudes ». « Notre objectif est que l’élection (de 2015) soit non seulement libre, juste et crédible mais aussi conforme aux meilleures pratiques internationales. « 

Selon le Groupe de surveillance de la transition (TMG) , un groupe issu de la société civile qui avait déployé plus de 600 observateurs dans l’Anambra, « ce qui s’est passé n’est pas suffisamment grave pour mettre en péril (les élections de) 2015. Bien qu’il existe des défis ici et là, nous croyons que l’INEC peut les surmonter », a déclaré son porte-parole Eneruvie Enakoko.

« L’INEC devrait être libre de toute ingérence politique et avoir accès à suffisamment d’argent et de personnel. Surtout, les électeurs devraient recevoir une éducation politique afin qu’ils connaissent leurs droits et défendent leur vote. Leurs voix doivent compter. « 

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