Golfe de Guinée: alerte à la piraterie en hausse
Gris et luisant, hérissé d’impressionnants canons et de toute une gamme de mitrailleuses, l’aviso de la marine française Commandant Birot est équipé pour surveiller les voies maritimes les plus dangereuses d’Afrique.
Des bâtiments comme celui-ci ont joué un rôle-clé pour mettre en déroute les pirates au large des côtes somaliennes, dans l’océan Indien, qui ont vu nombre de navires et d’équipages pris en otages et rançonnés pendant des mois, voire des années.
Mais les attaques au large de la Corne de l’Afrique se raréfiant, le Commandant Birot est maintenant demandé au large des côtes occidentales du Golfe de Guinée.
« C’est le lieu où il y a le plus de plateformes pétrolières », et donc le plus de bateaux, ceux qui relient la terre ferme et les installations pétrolières, explique le capitaine de corvette Yves Le Goff, qui commande le navire français. « C’est un lieu propice pour les pirates ».
Beaucoup de ces derniers viennent du Delta du Niger, dans le sud du Nigeria, où des groupes de militants réclament une meilleure répartition des richesses pétrolières.
Des prises d’otages ont lieu de temps en temps mais les pirates du Golfe de Guinée préfèrent désormais saisir le pétrole, le cargo lui-même et voler les marins.
– Une présence française importante –
Selon le Bureau maritime international, la piraterie ouest-africaine a représenté 19% des attaques enregistrées dans le monde l’an dernier, les pirates nigérians commettant à eux seuls 31 des 51 attaques dans la région, un record depuis 2008.
Dans le même temps, la piraterie au large de la Corne de l’Afrique a atteint son plus bas niveau depuis 2006, en baisse de 90% par rapport à un sommet atteint en 2011.
Le Commandant Birot et d’autres navires militaires patrouillent dans le Golfe de Guinée depuis 1990, pour aider les Français et les navires commerciaux en détresse et former les marines locales.
« L’opération française Corymbe est de loin la plus importante, étant intervenue dans des situations de prises d’otages en maintes circonstances ou en soutien après la libération de bateaux », explique Hans Tito Hansen, directeur général de la société de sécurité maritime danoise Risk Intelligence.
L’armée française était intervenue après l’arraisonnement du pétrolier britannique Energy Centurion au large du Togo en août 2012, et de nouveau lorsque le navire français Adour avait été saisi au large du même pays en juin 2013, rappelle-t-il.
Depuis que le Commandant Birot a quitté la France, en janvier, pour patrouiller les eaux entre le Sénégal et l’Angola, le Golfe a connu sept cas de piraterie, selon le commandant le Goff.
La frégate a passé récemment quatre jours dans un port du Ghana, où elle a rejoint le vaisseau britannique HMS Portland et le ghanéen GNS Garinga pour des manoeuvres.
Beaucoup de marines de guerre ouest-africaines sont récentes, mal équipées et incapables de coopérer au niveau régional, note l’officier français, mais le Ghana dispose d’une des flottes les mieux équipées de la région et a pu mobiliser rapidement son bateau malgré un brusque changement dans le programme.
– Une action dissuasive –
Peu d’attaques de pirates ont eu lieu dans les eaux territoriales ghanéennes, ce que le lieutenant Joseph Tenzii, commandant du Garinga, attribue à la fréquence des patrouilles ghanéennes.
« Nous leur envoyons un signal comme quoi nous sommes toujours là », a-t-il dit.
Mais malgré ses patrouilleurs modernes, le Ghana, déplore le lieutenant Tenzii, ne dispose pas des capacités des flottes occidentales, comme des hélicoptères, nécessaires pour acheminer des marins vers d’autres bateaux.
Terry McKnight, un contre-amiral en retraite de la marine américaine qui a dirigé une force au large de la Somalie, explique que les pays ouest-africains répugnent à autoriser les navires internationaux à patrouiller dans leurs eaux territoriales.
« Vous ne verrez jamais beaucoup de forces de la coalition (internationale) ici, au large des côtes occidentales de l’Afrique », selon M. McKnight.
Le commandant Le Goff voit plutôt sa mission comme dissuasive à l’égard des pirates et une occasion de former les forces locales à défendre leurs côtes.
« Ici, ce n’est pas la Somalie. Il y a des Etats qui ont des lois », dit-il. « L’essentiel est d’être présents en mer ».
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