Gabon: le rugby en quête de reconnaissance

Autrefois loisir de colons français, le rugby passe aux choses sérieuses au Gabon avec le lancement cette saison d’un premier championnat. Des débuts officiels encore timides: les rencontres se limitent à six équipes de la capitale, Libreville.

Gabon: le rugby en quête de reconnaissance © AFP

Gabon: le rugby en quête de reconnaissance © AFP

Publié le 30 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

Pour assister à un match, il suffit d’aller un samedi après-midi à la gare d’Owendo, le terminus du train transgabonais, à la périphérie de Libreville. Le terrain est juste en face, de l’autre côté d’une rue défoncée.

Les installations de ce petit stade tout neuf sont sommaires et l’absence d’éclairage empêche de jouer après 18h00, mais les poteaux ne sont plus des bouts de bois fixés sur un but de foot. Faute de panneau d’affichage, le spectateur inattentif doit demander à son voisin pour connaître le score.

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Sur un terrain impeccable, les Vautours de la police jouent avec de vieux maillots du Stade toulousain, tandis que la Garde républicaine fait la promotion de la ville de Chinon, dans le centre de la France. Des arbitres français forment leurs successeurs gabonais et les joueurs sont désormais presque tous africains, à l’exception de l’équipe du VIe Bataillon d’infanterie de marine (Bima) français, basé à Libreville.

« Ils sont vraiment volontaires et ils aiment ça », s’enthousiasme Jean-Marc Laissy, un hôtelier qui préside le Rugby Club de Libreville.

– ‘Petits, explosifs, teigneux’ –

« Les gars de la Garde républicaine, l’an dernier, ils étaient inexistants, explique-t-il tandis qu’ils aplatissent un essai face au Racing Club du Gabon. Il y a dans l’équipe quelques Camerounais qui ont amené leur niveau. C’est au contact de gens plus doués qu’on progresse! »

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Et tant pis si les ballons atterrissent parfois sur le toit du vestiaire, ou vont rebondir sur les 4×4 garés en contrebas.

« C’est un sport d’hommes! On prend des coups, on s’habitue », sourit Boris Assoumou, 19 ans, jeune joueur du club d’Owendo. Même si les échanges ne sont pas bien violents.

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« Pourquoi le rugby? Nous sommes encore au niveau amateur, et c’est juste l’amour. On aime ce sport », souligne Stéphane Boulaba, un étudiant en droit de 20 ans qui se dit « à l’aise » au Racing Club du Gabon: « Il n’y a rien après, sauf l’honneur. C’est juste le goût de jouer, et gagner ».

« Il y a de la part de ces gamins une volonté, une pugnacité, un engagement qui sont extraordinaires, se réjouit Pierre Duro, le patriarche du rugby gabonais. Les Gabonais sont petits et costauds, explosifs, teigneux, avec une constitution physique formidable », analyse cet ancien du Racing Club de France.

– Vers la capitale pétrolière –

Si on jouait déjà au rugby au Gabon dans les années 1950, avant l’indépendance, c’est assez récemment qu’un petit groupe de passionnés du ballon ovale a entrepris de passer à la vitesse supérieure, dans ce pays où il n’y en a que pour le football. « On est passé d’un rugby champêtre, avec des Français qui s’amusaient le dimanche, à quelque chose de plus sérieux », résume Pierre Duro.

Les six clubs de l’agglomération de Libreville se sont fédérés au sein d’une Ligue provinciale, qui compte désormais 250 licenciés et a lancé son championnat cette année.

Il s’agit maintenant de poursuivre le prosélytisme pour gagner de nouveaux joueurs, et créer d’autres Ligues en province, en commençant par la capitale pétrolière du pays, Port-Gentil (ouest). Il faut trois Ligues régionales pour pouvoir fonder une fédération nationale.

« L’objectif, c’est d’avoir à la fin de la saison 2015/16 trois Ligues avec des équipes qui tournent au niveau national », note le président de la Ligue de la région de Libreville, Sleydge Olimbi.

« Mais tout cela demande de l’argent. Pour l’instant, on n’a pas les moyens d’aller faire des matchs à Port-Gentil », ajoute-t-il.

« On attend des mécènes », dit justement Pierre Duro. D’autres sponsors, et surtout l’Etat qu’il aimerait voir reconnaître le rugby au même titre que le football ou le tennis de table.

A terme, tous rêvent de voir jouer une équipe nationale du Gabon. Ce qui prendra du temps.

« Pour l’instant, on n’a pas encore le niveau d’aller jouer à l’étranger, même pour un match amical », reconnaît Sleydge Olimbi.

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