L’Afrique centrale élabore sa stratégie pour « éradiquer » Boko Haram

Les chefs d?Etat d’Afrique centrale se sont réunis lundi à Yaoundé pour élaborer une stratégie commune destinée à « éradiquer » le groupe islamiste Boko Haram, qui sévit dans le nord-est du Nigeria et les régions frontalières des pays voisins.

L’Afrique centrale élabore sa stratégie pour « éradiquer » Boko Haram © AFP

L’Afrique centrale élabore sa stratégie pour « éradiquer » Boko Haram © AFP

Publié le 16 février 2015 Lecture : 3 minutes.

A la clôture des travaux, les pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) se sont engagés à « apporter dans l’immédiat un soutien actif (. . . ) au Cameroun, au Tchad et à tout autre Etat membre de la Communauté qui serait affecté par les actions du groupe terroriste Boko Haram, notamment l’assistance militaire, financière, logistique et humanitaire », selon le communiqué final.

Ils ont également encouragé « particulièrement » le Nigeria, très critiqué pour son incapacité à venir à bout du groupe armé, « à accroître les synergies avec les autres pays du bassin du Lac Tchad ».

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Le Nigeria, le plus touché par l’insurrection de Boko Haram qui en est originaire, n’était pas présent, car il n’appartient pas à la CEEAC.

Son armée a annoncé lundi avoir récupéré la ville-garnison stratégique de Monguno, dans l’Etat de Borno (nord-est), qui était tombée le 25 janvier aux mains de Boko Haram.

« Lors d’une opération militaire menée avec des frappes aériennes très bien coordonnées, nos troupes ont accompli ce (lundi) matin la mission de déloger les terroristes de Monguno et de ses environs », selon un communiqué.

L’armée nigériane a souvent évoqué des victoires sur Boko Haram, démenties ensuite sur le terrain. Mais si ses déclarations concernant Monguno se confirmaient, cela représenterait un nouveau recul des islamistes, désormais combattus sur le sol nigérian et aux frontières par les soldats de quatre pays: Nigeria, Cameroun, Niger et Tchad. Quelques militaires français sont également présents dans la région.

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L’incurie de l’administration du président nigérian Goodluck Jonathan face aux islamistes, régulièrement dénoncée par les observateurs, est du pain béni pour son principal opposant à l’élection présidentielle, l’ex-général Muhammadu Buhari, un musulman de 72 ans ayant déjà dirigé le Nigeria 20 mois entre fin 1983 et août 1985, du temps des dictatures militaires.

Celui-ci a été accueilli en héros lundi par une marée humaine à Maiduguri, grande ville du nord-est du Nigeria où était né en 2002 le mouvement Boko Haram.

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Il a promis des mesures énergiques contre les insurgés, sans donner de détails, à une population excédée par les tueries, l’effondrement de l’économie, les restrictions de déplacements et autres conséquences du conflit.

MM. Jonathan et Buhari s’affronteront lors d’une élection présidentielle le 28 mars, qui s’annonce la plus serrée depuis la fin des dictatures militaires.

– ‘Totale impossibilité de compromis’ –

« Il nous faut éradiquer Boko Haram », avait lancé lundi matin le président camerounais Paul Biya à l’ouverture des travaux de la CEEAC, soulignant « une totale impossibilité de compromis avec les islamistes, « partisans d’une société obscurantiste et tyrannique ».

Autour de lui étaient présents Idriss Deby Itno (Tchad), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang Nguema (Guinée Equatoriale) et Catherine Samba Panza (Centrafrique), ainsi que des délégations venues de République démocratique du Congo, de Sao Tome et Principe, du Burundi et de l’Angola.

Le 7 février, les pays de la région, déjà réunis à Yaoundé, s’étaient engagés à mobiliser 8. 700 hommes dans une force militaire multinationale.

Le Tchadien Idriss Deby, également président en exercice de la CEEAC, a assuré que « Boko Haram n’aura pas droit de cité en Afrique centrale ». Son armée intervient depuis début février contre Boko Haram au Nigeria, au Cameroun et au Niger, touchés récemment par des attaques sanglantes du groupe islamiste.

Au Niger, les tueries ont fait fuir des milliers d’habitants de Diffa, à la frontière avec le Nigeria, qui affluent à Zinder, la deuxième ville du pays, où plane la peur de l’infiltration d’islamistes.

Les autorités nigériennes ont arrêté plusieurs dizaines de personnes à Zinder. Elles ont également annoncé lundi les interpellations de plus de 160 suspects à Diffa.

Le président tchadien a exhorté les Etats de la CEEAC « qui ne sont pas encore touchés » par les attaques des islamistes « à manifester leur solidarité agissante » et invité « la communauté internationale à apporter tout son soutien, matériel, diplomatique, financier, logistique et humanitaire aux efforts de la CEEAC ».

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