La culture du coton, L' »or blanc » égyptien, en danger

« Je vais cesser la culture du coton si les revenus baissent encore: le coût de production est élevé, la récolte moins abondante, alors que les fruits et légumes, eux, sont rentables ». Comme nombre d’agriculteurs égyptiens, Ahmed Mansour pense à abandonner « l’or blanc ».

Publié le 6 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

Depuis que le fondateur de l’Egypte moderne, Mohammed Ali, a introduit sa culture en 1820, le coton égyptien à tige longue est devenu le plus réputé du marché mondial.

Mais la fibre blanche égyptienne, très recherchée par les maisons de couture à travers le monde, est en danger. Sa production est en baisse, au point qu’elle a atteint cette année son niveau le plus bas en plus de cent ans.

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A Inchas, un village à quelque 75 km au nord-est du Caire, Ahmed Mansour possède un hectare de terres agricoles. Cette année, il les a divisées: la moitié a été plantée de coton, l’autre de riz.

« Avant, on plantait du coton partout. Aujourd’hui, nous diversifions parce que ses revenus ne sont pas garantis », explique ce producteur de 34 ans.

« Le coût de la culture est élevé parce que les ouvriers agricoles devant planter et récolter le coton reviennent cher. Les insecticides sont onéreux et enfin, le prix de vente à la fin de la saison n’est pas garanti », souligne-t-il.

La productivité a également baissé en raison de la moindre qualité des graines fournies par le ministère de l’Agriculture, selon M. Mansour.

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Selon les chiffres du ministère du Commerce et de l’Industrie, la production a atteint 105. 000 tonnes cette année (2008/2009), le plus bas niveau depuis 1900.

En 2007/2008, la production était de 227. 000 tonnes, soit une baisse de 54% environ en un an seulement.

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Quant à la surface cultivée, elle a diminué de près de moitié, passant de 275. 000 hectares environ en 2007 à près de 158. 000 hectares en 2008.

La crise mondiale a eu un impact certain sur la baisse de la production en raison du recul de la demande dans les pays industrialisés. Selon le Comité consultatif international du coton (CCIC), l’utilisation industrielle du coton a reculé de 12% au niveau mondial sur la période 2008/2009.

L’Egypte, même avec des fibres réputées, reste un producteur modeste dans un contexte de concurrence exacerbée, dominé par la Chine (8 millions de tonnes annuelles), l’Inde (5 millions) ou les Etats-Unis (2,8 millions).

Les cours du coton égyptien n’ont toutefois que faiblement baissé, manifestement grâce à la baisse de l’offre: 3. 350 dollars par tonne pour la saison en cours (2008-2009) contre 3. 575 dollars par tonne lors de la saison précédente.

Pour certains experts, la racine du problème remonte aussi à 2004, date de la libéralisation du commerce du coton conformément aux engagements pris par l’Egypte vis-à-vis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

« Avant la libéralisation, le gouvernement fixait le prix du coton au début de la saison agricole, puis l’achetait aux agriculteurs et se chargeait de le vendre à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Cela encourageait les agriculteurs à planter de grandes surfaces de coton, sans craindre de bouleversement des prix du marché », explique Mohammed Abdessalam, de l’Institut des recherches sur le coton, qui dépend du ministère de l’Agriculture.

« Les Etats-Unis, en dépit de leurs engagements dans le cadre de l’OMC, subventionnent toujours la culture du coton, tout comme certains pays de l’Union européenne comme la Grèce », poursuit-il.

Un autre pays méditerranéen, la Turquie, a pris dans les années 1980 « une décision politique de soutien au coton et à l’industrie textile », souligne-t-il.

Sans demander de subventions, l’expert espère « une décision politique pour soutenir la culture du coton parce que c’est dans l’intérêt de l’Egypte ».

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