Musique : le festival Africolor de Seine-Saint-Denis dédié au Burkina Faso

Les musiques burkinabè, qui animent les « maquis » de Ouagadougou, ces cabarets plus ou moins improvisés d’Afrique de l’Ouest, témoigneront au festival Africolor de la vitalité et de la diversité musicales du Burkina Faso, de la rumba au hip hop.

Un marché au Burkina. © AFP

Un marché au Burkina. © AFP

Publié le 22 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

« Quand j’ai pensé à la programmation, un pays dont la vitalité artistique et politique me semblaient exemplaires pour l’ensemble du continent et au-delà, c’était le Burkina », a déclaré à l’AFP le directeur de ce festival voué aux musiques d’Afrique francophone. Sa 27e édition, qui a commencé mardi, se poursuivra jusqu’au 24 décembre en Seine-Saint-Denis, avec quelques incursions parisiennes.

Si le rayonnement international des musiques du Mali, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, est incontestablement supérieur, le Burkina possède néanmoins une scène musicale spécifique et vivace, à défaut d’avoir une identité forte.

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Victor Démé devait être la figure centrale de cette page spéciale qu’Africolor consacre aux divers courants musicaux de l’ancienne Haute-Volta.

Le paludisme n’aura pas laissé le temps à ce musicien, décédé le 21 septembre, d’être là.

La mémoire de cet ancien tailleur, guitariste orfèvre, sorte de Dylan burkinabè qui taille un folk aux couleurs mandingues marquées, dont le troisième disque « Yafaké » paraît à titre posthume, sera honorée le 28 novembre au Théâtre du Garde-Chasse aux Lilas par tous ses compatriotes musiciens à l’affiche d’Africolor: Ba Commandant, Simon Wissé, Moustapha Maïga…

Ba Commandant est le dépositaire d’une fusion fiévreuse d’afro-beat, de groove du Wassoulou (sud-est du Mali) et de rock. Simon Winsé joue d’instruments propres à son peuple, les Samos, comme l’arc à bouche. Ce garant d’une tradition se frottant volontiers à des orchestrations modernes sera au c?ur d’un concert baptisé « Sankara arrive », en hommage au père de la « révolution » et figure emblématique du pays..

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Le spectacle Cabaret Bobo, du nom de la ville Bobo Dioulasso, reflètera, lui, l’extraordinaire vitalité de la scène instrumentale de cette localité de l’ouest du pays, avec tout ce qui se crée autour du balafon.

– Le Burkina, enclavé mais ouvert –

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Pays enclavé, le Burkina possède de nombreuses ouvertures: sur le géant ivoirien au sud-ouest, l’immense Mali au nord-ouest, le Ghana, pays de la musique highlife, le Bénin, patrie d’Angélique Kidjo, au sud, et le Sahel au nord.

« C’est un pays avec diverses langues, diverses populations, les Mossis au Nord, les Mandingues au Sud, les Samos, et donc des traditions musicales extrêmement diverses », explique Sébastien Lagrave. « Un pays avec une soixantaine d’ethnies et une musique traditionnelle encore très active », renchérit Camille Louvel, producteur – de Victor Démé notamment -, et responsable du studio d’enregistrement Ouaga Jungle, joint au téléphone depuis Paris par l’AFP.

« En ce moment, les différentes générations se côtoient », poursuit ce Français installé depuis une quinzaine d’années à « Ouaga ». « C’est appréciable de passer d’un sound system hip hop le vendredi soir à une matinée dansante le dimanche », ajoute-t-il.

Dans la capitale, et à « Bobo », ville au charme suranné et carrefour important entre la Côte d’Ivoire et le Mali, les générations cohabitent harmonieusement dans des lieux musicaux qui se comptent par dizaines.

L’élégant saxophoniste-chanteur Mustapha Maïgai, 73 ans, incarne l’ancienne génération, celle de l’âge d’or des musiques d’Afrique noire qui s’ouvraient dans les sixties au jazz ou à la salsa. Ancien pilier du Volta Jazz, groupe phare de cette époque, il interprétera pour la première fois en France ses rumbas et slows-rocks langoureux le 26 novembre à Bobigny et le 28 au Garde-Chasse.

« À côté de cette vieille école, on a maintenant 3.000 MC’S qui font du hip hop très trempé à +Ouaga+, et entre les deux tous les courants, l’afro-reggae très important, et la musique tradi-moderne », ajoute Camille Louvel.

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