Lac Malawi: la prospection pétrolière ravive une vieille querelle frontalière
La prospection de gaz et de pétrole sur le lac Malawi a réveillé une vieille querelle frontalière entre le Malawi et la Tanzanie, conséquence de l’interêt des compagnies pétrolières pour des régions longtemps négligées.
Les ministres des Affaires étrangères des deux voisins se rencontreront lundi à Mzuzu, dans le nord du Malawi, pour évoquer ce différend frontalier vieux de cinquante ans et hérité des frontières de la période coloniale.
Le sommet régional des pays d’Afrique australe à Maputo, auxquels ont participé vendredi et samedi la présidente du Malawi Joyce Banda et son homologue tanzanien Jakaya Kikwete, s’est également penché sur ce dossier.
En jeu, la partie nord-est du lac Malawi, – dont les eaux servent de frontière entre les deux pays et le Mozambique – sur laquelle Lilongwe a attribué en 2011 à une firme britannique, Surestream Petroleum, une licence de prospection de pétrole et de gaz, non loin de la Tanzanie.
Le lac de 29. 600 km2, qui fait partie des Grands lacs africains s’étirant le long de la vallée du Rift, suscite l’espoir du gouvernement malawite, car la découverte de gaz ou de pétrole pourrait changer la destinée de ce petit pays pauvre d’Afrique australe.
La Tanzanie, elle, peut déjà compter sur des recettes pétrolières après l’annonce par deux compagnies, la norvégienne Statoil et l’américaine ExxonMobil, de la découverte d’un important gisement de gaz naturel, avec des réserves estimées à 140 milliards de m3. Mais elle revendique aussi sa part de toute découverte réalisée à proximité de ses rivages du lac Malawi.
Pour défendre sa position, Lilongwe s’appuie sur un accord passé en 1890 qui stipule que la frontière entre les deux pays court le long de la rive tanzanienne, attribuant toutes les eaux du lac au Malawi. Dar-es-Salam affirme de son côté que la frontière traverse le lac.
D’abord colonisée par l’Allemagne, la Tanzanie a été ensuite sous la tutelle du Royaume-Uni, qui avait placé le lac sous l’administration du Malawi, une autre de ses colonies. Et lorsque les pays africains ont obtenu leur indépendance, ils ont décidé de ne pas remettre en cause le tracé des frontières coloniales.
« Historiquement le lac nous appartient. Le Malawi doit être ferme là-dessus et ne pas céder », défend le militant des droits de l’homme Billy Mayaya, sur un ton catégorique qui reflète l’état d’esprit des Malawites sur le sujet. « Nous ne devons pas abandonner un pouce de ce lac, même avec un pistolet sur la tempe », assène-t-il.
Mais malgré les bravades, il y a peu de chance que le différend débouche sur un conflit armé. Un accord sur les ressources qui pourraient y être découvertes est plus probable. Les deux pays ont indiqué être prêts à faire appel à un arbitrage international si les négociations devaient échouer.
« Il n’y a pas de solution de rechange à la voie diplomatique, ce sera la diplomatie, encore la diplomatie, toujours la diplomatie », a martelé le ministre des Affaires étrangères tanzanien, Bernard Membe.
« Compte tenu qu’il est bien connu que le lac appartient au Malawi, nous engagerons des discussions avec nos homologues tanzaniens et résoudrons nos divergences par la voie diplomatique », a déclaré pour sa part la présidente Banda.
Pour le Malawi, miné par la malnutrition et le sida, le dossier est devenu un enjeu de fierté nationale. « La Tanzanie a plusieurs lacs, une façade maritime, elle a plus de ressources en eau que le Malawi. Ils devraient nous laisser le lac », plaide Billy Mayaya.
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