Les taxis « clandos » de Libreville bientôt tous en jaunes « comme à New York »

« Comme à New York, sauf que nous on roule pas sur le bitume et on prend du CFA », plaisante un chauffeur d’un « clando »: les taxis clandestins de Libreville devront être peints en jaune d’ici juin, selon un arrêté du gouvernement qui veut moraliser le secteur.

Les taxis « clandos » de Libreville bientôt tous en jaunes « comme à New York » © AFP

Les taxis « clandos » de Libreville bientôt tous en jaunes « comme à New York » © AFP

Publié le 6 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

L’idée peut paraître un paradoxe alors que le +clando+, comme son nom l’indique, n’est en principe pas déclaré.

« En fait, le mot +clando+ est mal utilisé. Aujourd’hui, quand on parle de +clando+, on n’est plus dans l’informel », explique Narcisse Motsou Endama, directeur des recettes à la mairie de Libreville.

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« A la mairie, nous parlons de transports suburbains. Ils n’ont pas le droit d’aller en ville, mais ils fonctionnent en périphérie » souvent sur pistes poussiéreuses ou pleines de boue, des routes moins carrossables et moins fréquentées par les taxis officiels –rouges et blancs– , souligne-t-il.

Il existe d’ailleurs un département +clando+ à la mairie qui dispose d’un « répertoire » de 800 clandos et encaisse des taxes sur chaque véhicule. Le grand avantage des +clandos, c?est qu?ils payent une assurance privée contre une assurance professionnelle pour les officiels et ne payent pas de patente.

Schématiquement, on peut dire qu?un taxi officiel supporte 980. 000 FCFA (1. 500 euros) de frais fixes par an, contre 130. 000 FCFA (200 euros) pour un « clando ».

« Ca fonctionne grâce à ça. Tu arrives, tu mets ta voiture à disposition, sans rien demander à personne. Tu t’arrêtes quand tu veux », affirme un propriétaire de taxi clandestin au départ de la station de Charbonnages-Ambowé (nord-est de Libreville) sous couvert de l’anonymat. « On fait les routes que les autres taxis ne veulent pas faire. On casse souvent. Si on doit payer tout ça, c’est pas rentable », ajoute un autre.

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« L’activité est assez lucrative », analyse Motsou Endama. D’après les chauffeurs interrogés, un +clando+ peut rapporter jusqu’à 500. 000 FCFA (750 euros) dans un pays où les revenus moyens oscillent entre 80. 000 et 200. 000 CFA (130 et 300 euros).

Souvent, expliquent des chauffeurs, la voiture n’appartient pas au chauffeur, mais à plusieurs copropriétaires qui louent le véhicule au chauffeur, ou bien prennent au moins la moitié des bénéfices.

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Se repeindre en jaune ne fait en tout cas pas plaisir à la majorité des chauffeurs. « Ca m’a coûté 150. 000 FCFA (200 euros) que j’ai dû payer avec mes économies. Le jaune en plus c’est salissant. On parle maintenant de nous faire prendre des assurances professionnelles. Si c’est comme ça, ce n’est plus des +clandos+. On ne pourra pas continuer », s’insurge Delphin Gazaloyo.

« Certains refusent de peindre, je comprends. Le jaune va surtout servir aux policiers pour mieux +bouffer+ », explique un chauffeur sous couvert de l’anonymat. « Ils nous rackettent déjà beaucoup, mais là, ils vont nous voir arriver de loin, et nous arrêteront dès qu’on va en ville. Les employés de la mairie vont aussi prendre. C’est mafia et compagnie ».

A la mairie, on reste ferme. « Il faut que cette activité cesse d’être informelle. Beaucoup jouent déjà le jeu », souligne M. Motsou Endama. « Avec cette mesure, les taxis suburbains seront facilement identifiables ».

« Il n’y aura plus de concurrence déloyale en ville avec les taxis officiels et eux-mêmes seront mieux protégés contre ceux qui font le taxi avec leur voiture privée à l’occasion. Certains fonctionnaires font même taxi en sortant du travail. Ce n’est pas possible de continuer comme ca ».

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