Soudan: arrestation de l’opposant islamiste Hassan al-Tourabi
Le chef de l’opposition islamiste soudanaise, Hassan al-Tourabi, a été arrêté dans la nuit soir par les forces de sécurité après avoir jugé « probable » un soulèvement populaire au Soudan similaire à celui ayant chassé du pouvoir le président tunisien.
« Les forces de sécurité ont entouré le secteur autour de la maison de Tourabi. . . . Puis, ils ont l’arrêté », a déclaré à l’AFP Awad Babikir, un assistant du cheikh de 78 ans, ancien mentor du président Omar el-Béchir devenu aujourd’hui son plus farouche opposant.
« C’est vrai. Il a été arrêté. Quand les gens sont arrêtés on ne leur dit jamais pourquoi. C’est peut-être à cause de la conférence de presse des partis d’opposition (dimanche) », a déclaré à l’AFP, Siddig al-Tourabi, son fils, aussi membre du Parti du congrès populaire (PCP, opposition).
« Il y a d’autres membres du parti qui ont été arrêtés. Il s’agit d’une vague d’arrestations », a-t-il ajouté. Il n’a pas été possible de confirmer dans la nuit de lundi à mardi l’arrestation d’autres membres de l’opposition soudanaise.
Des partis d’opposition, incluant le Congrès populaire de Hassan al-Tourabi, avaient plaidé dimanche pour la « fin du régime totalitaire » à Khartoum, sans toutefois s’étendre sur les moyens de ce renversement.
Et dans une interview lundi à l’AFP, quelques heures à peine avant son arrestation, M. Tourabi avait jugé « probable » un soulèvement populaire au Soudan comme celui ayant conduit vendredi à la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.
« Ce pays (le Soudan) a connu d’autres soulèvements populaires dans le passé, ce qui s’est passé en Tunisie est un rappel. Il est probable que cela se produise au Soudan, si cela ne se produit pas il y aura un bain de sang, car le pays entier est armé », avait déclaré M. Tourabi, lors de cet entretien à Khartoum.
Le Soudan a connu deux soulèvements populaires ayant renversé le pouvoir militaire, en 1964 et en 1985.
Hassan al-Tourabi est considéré comme l’architecte du coup d’Etat militaire, soutenu par les islamistes, ayant porté au pouvoir en 1989 Omar el-Béchir. Les deux hommes ont coupé les ponts dix ans plus tard.
Les déclarations de M. Tourabi interviennent alors que le Soudan est confronté à des difficultés financières ayant forcé le gouvernement à couper les subventions à des produits alimentaires de base et à la menace de partition du Sud du pays.
« Le terrain est prêt pour un soulèvement populaire », avait déclaré ce week-end à l’AFP Moubarak al-Fadil, un des ténors de l’opposition, membre du parti Umma, précisant qu’un soulèvement pourrait venir d’une « étincelle » dans la rue sans être mené par l’opposition politique.
Le Soudan, plus grand pays du monde arabe et de l’Afrique, est menacé de partition à l’issue du référendum d’autodétermination du Sud du pays dont les résultats, qui n’ont pas encore été annoncés, ne font plus aucun doute pour les observateurs: le Sud-Soudan sera un pays.
« La population est sous le choc, elle est vraiment préoccupée par la désintégration du pays », a ajouté M. Tourabi, dans son entretien avec l’AFP, en référence aux craintes de plusieurs Soudanais de voir d’autres régions comme le Darfour (ouest) ou l’Est plaider aussi pour la sécession.
« Le Soudan n’est pas un petit pays comme la Somalie, il est exposé à un risque de chaos pire qu’en Somalie », a soutenu le cheikh soupçonné par le gouvernement de liens avec le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, région du nord-ouest du Soudan théâtre depuis huit ans d’une guerre civile complexe.
La population au Soudan « ne fait pas de manifestations, elle se bat », a-t-il affirmé. « Je suis convaincu que s’il y a un soulèvement populaire ici, la région du Darfour sera active », a ajouté M. Tourabi, écroué à plusieurs reprises depuis dix ans pour ses déclarations flamboyantes.
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