Pionnier de l’e-santé depuis les années 2000, le professeur malien Cheick Oumar Bagayoko veut former via un diplôme universitaire des informaticiens, médecins, politiciens à la gestion de projet dans la médecine 2.0.
« L’e-santé doit être vue comme un outil et non une fin en soi ». Voici la stratégie du professeur Cheick Oumar Bagayoko, médecin spécialisé dans l’informatique médicale et pionnier de la télémédecine pour amener les soins au plus près des populations isolées. Dans cette optique, il vient d’annoncer le lancement d’un diplôme universitaire (DU) en e-santé dans trois universités d’Afrique de l’ouest : l’université de Bamako, l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody en Côte d’Ivoire et l’université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal. La première session de ce projet financé à hauteur de 50 000 euros par la fondation Pierre Fabre, débutera au premier trimestre 2019.
100 heures de formation
L’objectif pour celui qui œuvre à faciliter l’accès au soin grâce à l’informatique et son Réseau en Afrique francophone pour la télémédecine (Raft) : former des professionnels de la santé, de l’informatique et des décideurs politiques à la mise en place de solution e-santé adaptées aux besoins du terrain.
Nous savons que la demande va rapidement exploser.
« Nous savons que la demande va rapidement exploser mais nous tablons pour le moment sur des promotions raisonnables de 20 à 30 personnes », affirme Cheick Oumar Bagayoko. Les 100 heures d’enseignement se répartissent en trois modules. Le premier aborde les bases méthodologiques et conceptuelles de l’e-santé, le second ses domaines d’applications et le dernier l’innovation et la gestion de projet : « Ce dernier module doit permettre au participants de connaître tous les aspects administratifs et d’identifier les interlocuteurs pertinents pour mener à bien un projet », souligne le professeur qui est aussi à l’origine d’un logiciel de télédiagnostic baptisé Bogou.
Un diplôme panafricain
Reconnu dans trois pays, le diplôme, est conçu pour être d’envergure panafricaine. Mais la priorité reste d’équilibrer les profils selon les compétences. « Pour la sélection des participants, nous regarderons le parcours du candidat et son profil. Le but est aussi de sélectionner des personnes proches de la thématique qui peuvent agir rapidement à l’issue du diplôme », explique-t-il.
Les étudiants auront accès à des cours retransmis en direct avec la possibilité de poser des questions au professeur.
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Enseignement hybride
Côté pédagogique, les enseignements seront partagés entre e-learning pour la partie théorique et regroupement en présentiels pour approfondir certains points. « Les étudiants auront accès à des cours retransmis en direct avec la possibilité de poser des questions au professeur et disposeront de ressources documentaires sur une plateforme dédiée », précise Oumar Bagayoko. Les regroupements physiques, eux, doivent se dérouler dans une des trois universités.
« Nous avons une masse critique en termes de compétences au Mali. Dans la formation, 70 % des professeurs sont africains et connaissent les besoins du terrain », relève le médecin. Ce qui permet aussi de proposer un diplôme au prix du marché : entre 500 et 1000 euros. Au sortir de la formation, les intéressés doivent être capable de définir une stratégie adaptée aux besoins et de savoir fédérer une équipe pour développer des solutions numériques selon les contraintes techniques. Et pour vérifier ces acquis la formation sera sanctionnée par un hackathon lors duquel les étudiants organisés en équipe auront à concevoir et développer une solution sur mobile ou PC.