En Mauritanie, un coup de pouce à la zone franche de Nouadhibou
Trois ans après sa création, le projet en est toujours à ses balbutiements. Pour l’aider à attirer les investisseurs, la Banque mondiale apporte son expertise stratégique – et un peu d’argent.
Onze millions de dollars (environ 10 millions d’euros) : c’est un appui à la fois modeste et précieux que la Banque mondiale se prépare à apporter à la zone franche de Nouadhibou, en Mauritanie, dans les prochaines semaines. Car le projet créé en 2013 avance très lentement, et ce malgré l’installation en août 2015 du poste de contrôle douanier au PK 40 (marquant l’entrée de la zone) et la mise en œuvre d’avantages fiscaux (zéro impôt pendant sept ans, redevance de 2 % sur le chiffre d’affaires), douaniers (zéro droit de douane sur les importations comme sur les exportations) et administratifs (guichet unique, foncier, urbanisme, fiscalité).
« Désormais, les entreprises n’ont aucun rapport avec les administrations fiscale ou douanière », résume Mohamed Ould Daf, le président de l’Autorité de la zone franche de Nouadhibou. De quoi séduire les entreprises étrangères, souvent exaspérées par les tracasseries administratives ? De fait, jusqu’à présent, les investisseurs ne se bousculaient pas. On dénombre sur les doigts d’une main les installations d’entreprises réalisées ou en projet : le marocain Unimer (conserverie et farine de poisson), le néerlandais Damen (chantier naval), les français Imerys (raffinage du quartz) et Olvea (huiles de poisson).
Comme la Mauritanie n’est pas bien riche, le principe retenu pour financer les infrastructures, le port en eau profonde et l’aéroport est de recourir au système du partenariat public-privé (PPP). « L’année 2016 sera consacrée à la recherche de financements, explique Mohamed Ould Daf. Dubai Ports World, CMA CGM, Bolloré et, bien sûr, des Chinois ont déjà manifesté de l’intérêt pour nos projets. »
La zone franche n’a pas la tâche facile. Elle est mal connue, ses infrastructures avancent lentement, et, sauf dans le domaine des métiers de la pêche, la main-d’œuvre locale est peu formée, même si le président de l’Autorité estime que les centres de formation de la Société nationale industrielle et minière de Mauritanie (Snim), dont le siège est à Nouakchott, proposent des brevets de technicien supérieur (BTS) convenables pour des entreprises qui ne visent pas le high-tech.
L’effet « boule de neige »
La Banque mondiale avait déjà aidé le gouvernement mauritanien à élaborer le code des investissements de la zone. Elle a décidé de poursuivre son soutien, « afin d’accroître la productivité durable dans le domaine halieutique et d’améliorer significativement la vie des populations locales », rappelle Gaston Sorgho, le représentant résident de la Banque dans le pays : « La Mauritanie n’avait pas l’expertise des PPP, alors que la zone a un fort besoin d’investissements. Nous l’aidons dans son dialogue avec les investisseurs et dans ses efforts pour améliorer son climat des affaires et la qualité de ses ressources humaines. »
Ce coup de main essentiellement stratégique explique que la somme promise par la Banque mondiale soit peu élevée. Mais son intervention fera boule de neige, puisqu’elle entraîne dans son sillage la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque européenne d’investissement (BEI) et les coopérations française, allemande et espagnole. Sans oublier les Japonais, dont l’appui s’est focalisé sur les formations techniques de base, en attendant que les investisseurs précisent celles dont ils auront réellement besoin.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles