Transactions bancaires : une carte intercommunautaire pour les pays d’Afrique centrale

Les banques proposent désormais une carte intercommunautaire valable dans les six pays de la Cemac. Objectif : fluidifier les transactions et réduire la circulation des espèces.

Un distributeur du groupe Ecobank. © Olivier pour JA

Un distributeur du groupe Ecobank. © Olivier pour JA

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Publié le 15 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

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Coup de pompe en Afrique centrale

Chute des cours des matières premières oblige, dans la région, les investissements publics sont revus à la baisse. Pourtant, de grands chantiers d’infrastructures se poursuivent. Dans quels secteurs ? Et comment sont-ils financés ? Retrouvez le dossier de Jeune Afrique.

Sommaire

Payer ses factures, retirer de l’argent ou accéder aux services financiers à partir de n’importe quel pays de la Cemac… Les milieux d’affaires en ont rêvé, les banquiers sont en train d’en faire une réalité. L’idée d’une sous-région reliée par le fil magique de la monétique n’est plus une vue de l’esprit.

Ce vaste projet d’intégration a démarré en juin 2012 avec la création du Groupement interbancaire monétique de l’Afrique centrale (Gimac), mis en place à l’initiative de la Beac et d’un ensemble d’établissements bancaires commerciaux.

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L’organisme interbancaire est né de la fusion de l’Office monétique de l’Afrique centrale (Omac, créé en 2006) et de la Société monétique de l’Afrique centrale (Smac, née en 2005), avec pour objectif de mettre en place une plateforme monétique régionale destinée au traitement des transactions par l’utilisation de moyens scripturaux.

« La carte sous-régionale Gimac, issue de la toute dernière technologie EMV CPA [EuroPay, MasterCard, Visa – Common Payment Application Specification] est déjà distribuée à des milliers de porteurs, et c’est une grande première en matière d’offre locale de carte interbancaire dans l’espace communautaire. Elle constitue un pas de plus dans la dématérialisation des transactions commerciales, avec un fort impact sur la réduction des paiements en numéraire et l’accroissement des entrées de devises », explique Valentin Mbozo’o, directeur général du Gimac, basé à Yaoundé.

La carte bancaire sous-régionale va donc contribuer à fluidifier les transactions et à favoriser l’essor du volume des échanges entre pays membres de la communauté.

Valentin Mbozo’o n’y voit que des avantages : « L’interopérabilité avec les réseaux régionaux et internationaux des banques de l’espace communautaire favorisera l’accroissement de l’activité commerciale et l’intégration dans la sous-région et à l’international. Sans oublier les rentrées de devises inhérentes au développement du tourisme et la libre circulation des capitaux. »

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Connexions satellitaires

Sur le plan technique, le groupement est en train de déployer son service d’interconnexion par satellite, dont l’installation a été confiée au groupe monégasque Sonema.

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Ce nouveau réseau de télécoms, qui intègre l’ensemble des applications monétiques interbancaires, porte dans un premier temps sur l’interconnexion de seize établissements financiers et permettra à terme de raccorder la quarantaine de membres du Gimac.

Et comme la monétique est un levier incontournable pour la bancarisation (dans une région où le taux d’accès aux services bancaires est inférieur à 7 %), au-delà des banques de détail intégrées à son réseau, le Gimac compte offrir la possibilité aux organismes de microfinance, aux administrations du Trésor des six États de la Cemac, ainsi qu’à d’autres établissements publics et privés de fournir à leurs clients ou à leurs services la carte intracommunautaire, ce qui permettra de réduire la circulation des espèces sonnantes et trébuchantes.

Bolloré boucle la boucle

Désenclaver le Tchad par le rail, c’est le pari du projet d’extension du réseau ferroviaire camerounais vers le nord du pays. Il consiste à relier par le train N’Djamena au port de Douala via Ngaoundéré, l’actuel terminus.

Les études de faisabilité sont en cours, avec pour partenaire technique le français Bolloré, déjà concessionnaire de Camrail. De passage à Douala en octobre 2015, Cyrille Bolloré, président de Bolloré Transport & Logistics, a exprimé son souhait de prendre une part plus importante dans la mise en œuvre de ce projet.

L’enthousiasme du groupe français laisse entrevoir des perspectives plus grandes au regard de son engagement actuel dans le développement du rail en Afrique. Et si le réseau Tchad-Cameroun était finalement raccordé à la boucle ferroviaire d’Afrique de l’Ouest que Bolloré est en train de construire entre Lomé et Abidjan ?

Connecter l’Afrique centrale à cette boucle de 3 000 km qui reliera cinq pays de l’Afrique de l’Ouest et leurs capitales apporterait un grand bol d’air à l’hinterland et réduirait le coût et les délais des importations et des exportations au Tchad.

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