Boko Haram : aux grands maux les grands remèdes

Le pays déploie des moyens humains et financiers considérables pour lutter contre Boko Haram. Et ça paie.

Militaires nigériens au poste frontalier de la région de Diffa, le 1er août 2016 (archives). 2016 (image d’illustration). © François-Xavier Freland pour JA

Militaires nigériens au poste frontalier de la région de Diffa, le 1er août 2016 (archives). 2016 (image d’illustration). © François-Xavier Freland pour JA

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Publié le 22 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Construction d’avenues et de routes dans et autour de Niamey (Niger), par l’entreprise Sogea-Satom en janvier 2016. © Vincent Fournier/JA
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Niger : état de chocs

Malgré la situation au Mali et en Libye, malgré les agressions de Boko Haram depuis le Nigeria, le pays reste en paix. Et alors que les cours des matières premières chutent, il parvient à maintenir son économie à flot. Mais à quel prix ? Et pour combien de temps ?

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Avec 163 attaques meurtrières recensées entre janvier 2015 et juillet 2016 par le HCR, le Niger est devenu, après le Nigeria, le pays du Sahel le plus « ciblé » par Boko Haram. Le 3 juin, le raid mené par la secte islamiste contre la ville de Bosso, dans le sud-est du pays, au bord du lac Tchad, a fait au moins 26 morts du côté de l’armée nigérienne et une centaine de blessés parmi la population.

Il a aussi provoqué un électrochoc. Représentants de la société civile, syndicalistes, étudiants… Passé les journées de deuil national, ils étaient encore des centaines à s’être rassemblés dans le centre de la capitale, le 9 juillet, derrière la banderole « Tous unis contre Boko Haram » pour exprimer leur solidarité avec les Forces de défense et de sécurité (FDS).

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Un grand nombre de déplacés

Selon le HCR, depuis l’attaque, environ 60 000 personnes ont fui la région de Bosso pour rejoindre les camps de réfugiés et de déplacés en périphérie de Diffa, la capitale régionale (qui en accueillaient déjà plus de 250 000). Face à cette escalade et à l’angoisse des populations, l’État est plus que jamais décidé à en finir avec le groupe jihadiste, qui menace son intégrité territoriale et la vie des Nigériens et obère le développement économique et social du pays.

La grande offensive contre Boko Haram lancée en juillet par la Force multinationale mixte (FMM, qui comprend aussi des troupes du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Bénin) a permis à l’armée nigérienne de laver l’affront. Car, contre toute attente, ce sont ses soldats qui en quelques jours, du 25 au 28 juillet, ont libéré Damassak : tombée aux mains de Boko Haram en juillet 2015, cette ville nigériane de 10 000 habitants était devenue l’un des bastions de la secte dans la région.

Les deux chasseurs Sukhoi basés à l’aéroport de Diffa – principale base de coordination de l’état-major de la FFM – avaient préalablement « nettoyé » la zone en pilonnant les positions ennemies repérées par des Cessna de l’aviation nigérienne. Plus de 2 500 soldats nigériens de l’artillerie et des blindés ont ensuite été déployés, tous en même temps, avec leurs chars d’assaut et leurs canons de 125 mm, pour créer un effet de masse et de surprise.

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« À notre plus grand étonnement, nos militaires n’ont pas rencontré de grosse résistance. C’est bien la preuve que Boko Haram est en déroute », se réjouit Mohamed Bazoum, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique.

Une faible résistance

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Alors que l’armée ratisse désormais le long de la frontière entre Damassak et le lac Tchad, le Niger promet d’autres victoires, le plan étant de prendre Boko Haram en tenaille avec les autres contingents de la FMM participant à cette grande opération et qui eux aussi convergent vers la ville de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, où fut créée la secte au début des années 2000.

Cette guerre contre le groupe jihadiste a un coût prohibitif pour le pays, qui reste l’un des plus pauvres au monde. Selon la dernière évaluation de Global Firepower, organisation américaine spécialisée sur les questions de défense, le Niger est, par ses dépenses et les moyens humains et en équipements dont il dispose, la troisième puissance militaire d’Afrique de l’Ouest, derrière le Nigeria et le Ghana et devant la Côte d’Ivoire et le Mali.

« Historiquement, c’est un pays qui a toujours misé sur la défense de son territoire, analyse Ange Amadou Chékaraou Barou, consultant sur les questions de développement. C’est une fierté nationale et, comme ce fut le cas sous Tandja au moment de l’insurrection touarègue de 2007, la classe politique fait corps derrière le président Issoufou contre tout ce qui peut déstabiliser le pays, même si cela se fait au détriment des autres secteurs. » Au Niger, tout le monde a bien conscience que la bataille contre Boko Haram est une question de survie.

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