Mark Zuckerberg, VRP VIP en Afrique

Le PDG de Facebook a effectué sa première visite sur le continent, au Nigeria puis au Kenya. Son objectif : promouvoir Free Basics, un service d’accès à internet gratuit… ou presque.

Avec le président nigérian, Muhammadu Buhari (au centre), 
et son vice-président, Yemi Osinbajo (à g.). © Sunday Aghaeze/AFP

Avec le président nigérian, Muhammadu Buhari (au centre), et son vice-président, Yemi Osinbajo (à g.). © Sunday Aghaeze/AFP

Christophe Boisbouvier

Publié le 12 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Mark Zuckerberg en Afrique… Jusqu’au 30 août, jamais le fondateur de Facebook n’était venu sur le continent. Au Nigeria, le plus jeune milliardaire de la planète, 32 ans, a été reçu comme un prince par le président Muhammadu Buhari. Puis l’homme qui pèse 56 milliards de dollars (environ 50 milliards d’euros), selon le magazine Forbes, s’est envolé pour le Kenya, il a rencontré des patrons de start-up africaines.

Un nouveau service à la gratuité relative 

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Le PDG du célèbre réseau social a fait la promotion de Free Basics, un service d’accès à internet gratuit lancé par Facebook il y a deux ans dans quelque 40 pays, dont la moitié en Afrique. Il a répété : « L’accès à internet doit être inscrit dans les droits de l’homme. » Un internet gratuit pour les plus démunis grâce à Zuckerberg ? Un vrai conte de fées !

Le problème, c’est que pour disposer de ce service il faut être abonné à des opérateurs mobiles particuliers, comme Airtel au Kenya. Surtout, Free Basics ne donne accès qu’à une infime partie des sites web.

Tout utilisateur de Free Basics doit se connecter d’abord à son compte Facebook

Pour surfer sur le reste de la Toile, notamment sur Google – l’un des grands concurrents de Facebook – et son application YouTube, il faut payer. Va-t-on vers un internet pour les riches et un internet pour les pauvres ? Comme Zuckerberg ne respecte pas la neutralité du Net, l’Égypte et l’Inde viennent de mettre un terme à l’initiative Free Basics. Et au Nigeria, certains prêtent à la firme californienne des visées « coloniales ».

Ils craignent que la plateforme Free Basics ne donne à Facebook et aux États-Unis un pouvoir de décision sur les sites et les contenus que consulteront à terme les centaines de millions d’internautes africains hameçonnés par Zuckerberg.

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Quelle protection des données personnelles ? 

Ce qui est sûr, c’est qu’avec Free Basics Mark Zuckerberg ne fait pas que de la philanthropie. Comme dit l’adage, « si un produit est gratuit, la marchandise, c’est l’utilisateur ». De fait, avant de pouvoir surfer sur internet, tout utilisateur de Free Basics doit se connecter d’abord à son compte Facebook. Et à partir de là, le magnat californien peut partager les données personnelles de millions de nouveaux utilisateurs avec des annonceurs publicitaires. En Europe, la Commission de Bruxelles impose le respect des lois sur la protection de ces données. Mais dans beaucoup de pays africains, il n’en est rien.

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Un danger pour les Etats Africains ? 

Et Free Basics peut menacer aussi la souveraineté des États. « Quand vous laissez à une entreprise privée le pouvoir de savoir ce que pensent les citoyens d’un pays et quels sont les gens qu’ils fréquentent, vous imaginez le pouvoir que cela donne à cette entreprise, qui devient plus puissante que l’État concerné », affirme l’avocate franco-camerounaise Julie Owono, du bureau Afrique de l’ONG Internet sans frontières.

Pas le moins du monde déstabilisé par ces critiques, Mark Zuckerberg poursuit le développement de Free Basics. Le 1er septembre, depuis Nairobi, il a suivi de très près les préparatifs du lancement aux États-Unis d’Amos-6, un nouveau satellite conçu avec la société française Eutelsat afin d’offrir une couverture réseau à une dizaine de nouveaux pays subsahariens. Manque de chance, la fusée Falcon 9, qui abritait ce satellite, a explosé sur le pas de tir de Cap Canaveral (en Floride).

Du coup, la tournée de Zuckerberg s’est terminée sur une fausse note. Mais d’autres fusées suivront. Et tant que de jeunes entrepreneurs africains ne feront pas concurrence à Facebook, la firme californienne continuera d’occuper une position dominante sur le continent.

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