Djibouti : les ambitions sociales du président Ismaïl Omar Guelleh

Réélu en avril, Ismaïl Omar Guelleh a fait de l’amélioration des conditions de vie et de la lutte contre le chômage la pierre angulaire de son quatrième et, a priori, dernier mandat.

Ismaïl Omar Guelleh, président de la République de Djibouti, à son domicile en février 2013. © Vincent Fournier/JA

Ismaïl Omar Guelleh, président de la République de Djibouti, à son domicile en février 2013. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 30 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Le port de Djibouti. © Patrick Robert
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Djibouti : le dernier défi

Réélu en avril pour un quatrième mandat à la tête du pays, Ismaïl Omar Guelleh sait que ls vraies priorités pour ses concitoyens sont l’emploi et l’amélioration de leurs conditions de vie.

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Et de quatre ! Ismaïl Omar Guelleh (IOG) a été reconduit le 8 avril pour un nouveau quinquennat présidentiel. Ça n’a été une surprise pour personne – et certainement pas pour l’intéressé. Une élection dans un fauteuil, puisqu’il a rassemblé sur son nom 86 % des suffrages exprimés dès le premier tour du scrutin. Le chef de l’État peut en partie remercier l’opposition, qui s’est présentée devant les électeurs en ordre dispersé. À commencer par certains de ses leaders, qui n’ont tout simplement pas pu être candidats.

C’est le cas de Daher Ahmed Farah, alias « DAF », sa binationalité belgo-djiboutienne le rendant inéligible, et d’Abdourahman Mohamed Guelleh, dit « TX », emprisonné au lendemain des affrontements claniques qui ont fait sept morts en décembre 2015 à Balbala, un quartier de Djibouti.

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L’heure de la redistribution économique

L’essentiel semble être ailleurs pour l’opposition, en pleine réorganisation, qui espère pouvoir tirer son épingle du jeu politique lors des législatives de 2018. L’échéance semble être la même pour le chef de l’État. Bien qu’il ait déjà assuré à plusieurs reprises ne pas vouloir se présenter pour un cinquième mandat, IOG semble aujourd’hui pressé de redistribuer les fruits de la croissance à une population lassée de les attendre.

Après la paix en 1999, le développement économique en 2005, les grands projets structurants en 2011, l’heure est désormais à la redistribution sociale, avec un nouvel ennemi identifié : le chômage. Le pays a beau aligner, ces dernières années, des taux de croissance supérieurs à 6 %, près des deux tiers de la population restent sans emploi.

Pour mener la lutte, IOG a considérablement remanié son gouvernement, formé le 12 mai, et accordé sa confiance à une nouvelle génération de ministres, le plus souvent issus de la société civile. « Un gouvernement de combat », selon l’expression du chef de l’État, qui a tracé les grandes lignes de la feuille de route confiée à son fidèle Premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, l’un des rares à avoir conservé ses fonctions .

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Des progrès dans les infrastructures

Ismaïl Omar Guelleh sait que la lutte contre le chômage s’annonce longue et difficile. Les premières dispositions ont été prises, en matière de formation professionnelle notamment, mais les premiers résultats ne seront pas visibles avant des mois, voire des années. D’autant qu’en ce domaine l’exécutif n’est pas vraiment maître du jeu. La création des dizaines de milliers d’emplois nécessaires pour progresser de manière significative sur ce front dépend pour beaucoup de la volonté des Chinois d’implanter une partie de leur appareil industriel dans la sous-région.

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Pour être sûr de toucher le jackpot, Djibouti est prêt à leur accorder toutes les facilités, comme la création d’une vaste zone franche, appuyée sur un port qui n’en finit pas de s’étendre et de se moderniser. Le pays n’a pas grand-chose à perdre. Bien au contraire, il en profite pour s’équiper en infrastructures modernes, renforçant au passage son rôle de hub régional au service d’un marché éthiopien en pleine expansion, grâce à ses 100 millions de consommateurs potentiels… Même si l’arrivée de ces équipements se fait au prix d’un endettement qui commence à inquiéter certains milieux financiers.

Dans l’immédiat, et pour que son action puisse rapidement se traduire par des retombées concrètes au sein de la population – non seulement dans la capitale, mais à l’intérieur du pays –, lOG a demandé à son équipe d’accélérer le travail sur deux dossiers en particulier : le logement et la décentralisation (lire pp. 62-63), n’hésitant pas à s’engager personnellement pour passer à la vitesse supérieure, comme lorsqu’il lance sa propre fondation sur le logement afin de mobiliser plus efficacement les forces vives du pays.

Après l’eau et l’électricité fournies par les Éthiopiens en échange de l’utilisation du port de Djibouti, après les infrastructures routières et ferroviaires financées par les Chinois et qui vont donner une nouvelle ossature au pays, le chef de l’État djiboutien s’est fixé pour objectif principal, au cours de son nouveau quinquennat, d’améliorer le quotidien de ses concitoyens. De quoi mieux les faire patienter jusqu’au dernier grand chantier qui continue de se faire attendre à Djibouti, celui de la démocratie.

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