Littérature : il est comment le dernier roman de Parker Bilal ?

Enquête dans « Les Ombres du désert », en Égypte, où Makana tente de résoudre les petites affaires de meurtres isolés et s’embarque dans un combat d’une autre échelle, lié à la condition des femmes en terre islamique.

L’auteur anglo-soudanais Jamal Mahjoub s’embarque dans le récit de la troisième enquête du soudanais Makana, en Égypte cette fois. © Pal Fest/Flickr

L’auteur anglo-soudanais Jamal Mahjoub s’embarque dans le récit de la troisième enquête du soudanais Makana, en Égypte cette fois. © Pal Fest/Flickr

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 8 février 2017 Lecture : 2 minutes.

C’est un peu comme un ami proche qu’on verrait de loin en loin, mais toujours avec le même plaisir. On le laisse entrer chez soi, même s’il n’a pas pris la peine de prévenir, on lui sert un thé et des pistaches, on ne proteste pas quand il allume sa Cléopâtra à l’intérieur, on ne s’offusque pas de ses questions incessantes ou de son regard qui, sans être inquisiteur, enregistre tous les détails de l’environnement, on le laisse dormir sur le canapé du salon…

Makana, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est l’enquêteur créé par le romancier anglo-soudanais Jamal Mahjoub, qui signe ses polars sous le pseudonyme de Parker Bilal. Makana, ni un nom ni un prénom, comme pour accentuer la solitude d’un homme qui a dû fuir son pays, le Soudan, où sa femme et sa fille ont vraisemblablement trouvé la mort.

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« Makana avait été parmi les derniers à abandonner la partie, écrit Parker Bilal. Idéaliste à l’ancienne, il avait toujours été convaincu que ses compatriotes reprendraient leurs esprits et que le Soudan redeviendrait un pays où la diversité était une force et non un fléau à éradiquer comme de la vermine. Un pays où ce n’était pas votre race ou votre religion qui décidait de votre statut, où ce n’étaient pas seulement les démonstrations de piété qui vous distinguaient, mais l’honnêteté et la droiture. »

La souffrance égyptienne

Makana, qui aurait toutes les raisons du monde de se laisser aller au désespoir, continue de croire en la justice. Et de la défendre, au péril de sa vie. Après Les Écailles d’or et Meurtres rituels à Imbaba, on le retrouve une fois de plus dans les rues animées du Caire, peu après les attentats du 11 septembre 2001.

Alors que George W. Bush lance sa « croisade » contre le terrorisme, Makana enquête avec son flegme habituel sur une affaire d’infidélité. Pas passionnant a priori. Mais bientôt, une jeune femme est brûlée vive dans sa petite échoppe et l’histoire prend un tour inattendu : Makana se retrouve à Siwa, oasis de l’ouest égyptien, où le passé fait peser de lourdes menaces sur le présent…

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Un cadi éventré, un simplet émasculé, ces meurtres ont-ils quelque chose à voir avec les recherches de Makana, qui doit par ailleurs compter avec les méthodes peu orthodoxes de la police locale ? Au-delà de l’intrigue – efficace et enlevée – Parker Bilal livre avec Les Ombres du désert un portrait sensible de l’Égypte et des Égyptiens au début du XXIe siècle.

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