Côte d’Ivoire : et si Simone Gbagbo était amnistiée ?

Acquittée par la cour d’assises d’Abidjan en mars 2017, Simone Gbagbo va-t-elle être libérée par le président ivoirien ?

Simone Gbagbo avec son avocat Rodrigue Dadjé, à la cour d’assises d’Abidjan, le 10 octobre 2016. © Sia KAMBOU/AFP

Simone Gbagbo avec son avocat Rodrigue Dadjé, à la cour d’assises d’Abidjan, le 10 octobre 2016. © Sia KAMBOU/AFP

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Publié le 9 avril 2018 Lecture : 2 minutes.

Son acquittement, le 28 mars 2017, avait à la fois scandalisé les défenseurs des droits de l’homme et suscité un espoir chez ses partisans. Avec une même question : innocentée par la cour d’assises d’Abidjan des accusations de crime contre l’humanité et de crime de guerre, l’ancienne première dame – qui purge par ailleurs une peine de vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État – allait-elle voir sa situation évoluer ?

Un an plus tard, elle est toujours incarcérée malgré l’activisme de son avocat, Me Rodrigue Dadjé. Ce dernier avait contesté la première condamnation devant la Cour de cassation. Son pourvoi n’ayant pas encore été étudié, il estime que sa cliente devrait entre-temps être remise en liberté. « Le juge d’instruction se contente de renouveler tous les quatre mois sa détention au motif que celle-ci serait nécessaire à la manifestation de la vérité. C’est abusif », déclare-t-il.

La libération de Simone Gbagbo est une carte politique qu’il abattra au moment opportun », explique-t-on dans son entourage

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À Abidjan, le chef de l’État a plusieurs fois dit qu’une grâce ou une loi d’amnistie seraient envisageables une fois les procédures judiciaires achevées. Selon une source proche du dossier, Alassane Ouattara aurait récemment fait état d’un projet de loi en préparation : seraient concernés l’ancienne première dame, des pro-Gbagbo, mais aussi les ex-comzones qui ont maille à partir avec la justice ivoirienne (une dizaine d’entre eux ont été inculpés, notamment Issiaka Ouattara – dit Wattao – et Morou Ouattara, en 2016). Reste à savoir quand le texte sera déposé au Parlement. La même source évoque un délai de trois mois.

Pour le chef de l’État, la question est complexe. « La libération de Simone Gbagbo est une carte politique qu’il abattra au moment opportun », explique-t-on dans son entourage. L’amnistier serait un signal fort en faveur de la réconciliation – l’un des points faibles de son bilan. Toutefois, la capacité de mobilisation de la fondatrice du FPI reste intacte et peut inciter à la prudence.

Demande d’abandon des poursuites

Abidjan doit aussi tenir compte de la Cour pénale internationale (CPI), qui demande, depuis 2012, que Simone Gbagbo lui soit transférée. Le président ivoirien s’y est toujours opposé : il ne veut pas être le premier chef d’État africain à envoyer une femme devant cette juridiction, et ses pairs n’y sont pas favorables. L’organisation d’un procès pour crime contre l’humanité et crime de guerre à Abidjan était en ce sens une réponse aux demandes de La Haye.

Les autorités ivoiriennes estiment désormais que la CPI n’a plus de raison de réclamer la prisonnière et le lui ont fait savoir par le biais de leurs avocats français, Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard. À la mi-mars, selon nos informations, elles ont aussi déposé une demande officielle pour que les poursuites soient abandonnées.

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Enfin, si d’anciens comzones venaient à être inclus dans la loi d’amnistie, cela couperait l’herbe sous le pied de la CPI qui, selon plusieurs sources, pourrait émettre des mandats d’arrêt d’ici à la fin de 2018.

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