Toujours plus !

La forte demande en poissons oblige la filière à accroître ses prises, tout en veillant à la bonne gestion des ressources.

Publié le 16 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Deuxième source de devises du pays, juste derrière la culture des oliviers, le secteur de la pêche joue un rôle de plus en plus important dans l’économie. Durant les cinq dernières années, la valeur des exportations des produits halieutiques est ainsi passée de 121,7 millions de dirhams tunisiens (70,2 millions d’euros) en 2000 à 234 millions en 2006. Et la tendance semble se confirmer pour 2007. Au cours du premier trimestre, les exportations du secteur ont enregistré une croissance de 20 % par rapport à la même période de l’année 2006.
Au regard de ces chiffres – la pêche contribue à hauteur de 18 % aux exportations de produits agroalimentaires -, les autorités souhaitent développer l’industrialisation du secteur tout en maîtrisant la gestion des richesses halieutiques. Car la Tunisie n’est pas à l’abri d’un éventuel épuisement de ses ressources. Sous la pression de la demande des pays de l’Union européenne (UE), la production ne cesse d’augmenter : quelque 111 000 tonnes de poissons, dont 55 000 tonnes de « poissons bleus » (sardines, harengs, etc.), ont été pêchées en 2006, contre 108 000 tonnes en 2005. La raréfaction des espèces concerne principalement les poissons dits nobles (loups, daurades, rougets, pageots, etc.) particulièrement touchés par le chalutage en faible profondeur. Aussi les autorités ont-elles décidé de prendre les devants : une stratégie nationale de protection et de régénération des zones de pêche menacées vient d’être adoptée. Et une étude globale prospective sur l’évolution du secteur a été lancée.
Concernant la pêche au thon, des mesures ont d’ores et déjà été prises. La quantité exploitable sera limitée à 29 500 tonnes en 2007 avant d’être ramenée à 25 500 tonnes ces cinq prochaines années. Certains modes de pêche, tel celui de la madrague (vaste filet traditionnellement utilisé en Méditerranée pour la prise des bancs entiers de poissons lors de leurs migrations le long des côtes), font par ailleurs l’objet de contrôles très stricts. Les activités des cinquante thoniers recensés dans le pays sont particulièrement surveillées : entre 4 000 et 4 500 tonnes de thon sont pêchées chaque année – dont environ 2 500 tonnes de thon rouge. Pour ce qui est de la qualité, le pays a également investi dans l’engraissement du thon permettant d’augmenter, à hauteur de 20 % à 30 %, sa teneur en lipides.
Mais il n’y a pas que la pêche en mer dans la vie. Aquaculture et pisciculture d’eau douce intéressent également les autorités. Bien qu’encore marginales – l’aquaculture représente aujourd’hui seulement 3 % de la production totale -, ces activités tendent à se multiplier et devraient devenir, à terme, une source de revenus alternative. Spécialisé dans la reproduction, l’élevage et la commercialisation des poissons frais, le centre aquacole de Chott Meriem, au nord-ouest de Sousse, est la première station du genre en Tunisie. Le loup et la daurade qui y sont élevés bénéficient de « soins » particuliers : l’eau de leur bassin est régulièrement renouvelée afin de reproduire au mieux les conditions naturelles. La majeure partie de la production est ensuite expédiée vers les marchés européens (Italie, France et Allemagne) et américains (Canada et États-Unis). Et 30 % de la production annuelle peuvent être commercialisés localement. Mais des établissements comme celui de Chott Meriem sont encore peu nombreux sur le territoire tunisien. Pour encourager la création d’autres centres aquacoles, l’État a décidé de prendre en charge 40 % du coût des études techniques relatives à ce genre de projets (avec un plafond de 40 000 DT). Reste à présent à faire évoluer les mentalités.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires