3 questions à Christel Cournil

Chercheuse à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Iris), université Paris-XIII

Publié le 16 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Certains veulent la définition d’un statut de « réfugié climatique » pour protéger les victimes du réchauffement de la planète. Que dit le droit international ?
Christel Cournil : Rien. La question ne fait l’objet d’aucune convention qui aurait des effets contraignants. Il y a bien eu une tentative de définition des réfugiés de l’environnement par l’ONU en 1985, mais elle reste très générale. Elle dit qu’il s’agit d’individus « forcés de quitter leur lieu de vie temporairement ou de façon permanente à cause d’une rupture environnementale d’origine naturelle ou humaine qui met en péril leur existence ou leurs conditions de vie ». Le problème, c’est qu’on peut y mettre aussi bien les réfugiés des catastrophes naturelles que ceux qui fuient les dégradations de l’environnement en raison de conflits armés ou ceux qui s’en vont à la suite de la détérioration de leur milieu à cause de l’activité anthropique.
Où en est l’élaboration de ce statut ?
Il n’en est qu’au stade des réflexions, parce que le droit international s’est d’abord intéressé à la dégradation de l’environnement de façon sectorielle (l’eau, l’air, etc.) et que, dans les pays occidentaux, la question des réfugiés climatiques est contaminée par les tensions qui existent à propos des politiques d’immigration. Pour eux, la répartition de cette nouvelle charge migratoire et la reconnaissance de leur responsabilité dans le réchauffement de la planète sont des enjeux énormes.
Quelles difficultés se posent ?
La définition du statut du « réfugié climatique » se heurte d’abord à celle des causes de son départ, très hétérogènes. Dégâts naturels, accidents industriels, dégradations liées aux conflits armés : lesquelles doivent être prises en compte ? La diversité des lieux de destination pose aussi un problème. Le droit doit-il être différent pour les migrants climatiques intraétatiques et interétatiques ? Ou bien faut-il instaurer une protection globale pour tous les réfugiés écologiques ? Du côté des textes, faut-il une nouvelle convention, ou enrichir la convention de Genève qui définit le statut des réfugiés politiques ? Enfin, quels sont les droits qui doivent leur être attribués ? Le droit au travail ? Le droit au regroupement familial ? Cela induit une multitude d’interrogations.

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