Au Cameroun, la « brigade cybernétique » secrète des pro-Biya

Depuis la présidentielle de 2018, la bataille politique se joue aussi sur les réseaux sociaux. Pour mener la riposte face à une opposition qui a pris de l’avance sur ce terrain, le RDPC a discrètement constitué un groupe de jeunes activistes.

Un supporter de Paul Biya célèbre la réélection du président camerounais pour un septième mandat, le 22 octobre 2018 à Yaoundé. © Rodrigue Mbock/AP/SIPA

Un supporter de Paul Biya célèbre la réélection du président camerounais pour un septième mandat, le 22 octobre 2018 à Yaoundé. © Rodrigue Mbock/AP/SIPA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 16 juin 2020 Lecture : 4 minutes.

Dans sa petite chambre située en plein cœur de Bonamoussadi, le quartier universitaire de Yaoundé, Jean K. a la discipline d’un soldat et la discrétion d’un espion. Chaque jour, cet ancien étudiant au chômage passe le plus clair de son temps à naviguer sur les réseaux sociaux, où il scrute méthodiquement les publications à caractère politique. Sur Facebook et Twitter notamment, ce trentenaire cumule à lui seul une dizaine de comptes, lesquels portent tous des noms fictifs. De faux profils grâce auxquels il assure une veille sur l’actualité des personnalités camerounaises et, surtout, inonde la Toile de contenus politiques.

Un smartphone, un modem et des secrets

Jean K. fait partie d’un groupe d’une quarantaine de jeunes choisis par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) pour donner la réplique aux opposants au président Paul Biya sur internet. Son recrutement, il le doit à l’un de ses proches, membre du comité central du parti.

« J’ai reçu un coup de fil de mon oncle un soir. Il recherchait des jeunes « qui comprennent comment fonctionnent les réseaux sociaux ». Il m’a demandé si j’étais disposé à les aider. J’ai accepté et, une semaine plus tard, on tenait notre première réunion », raconte-t-il. Pour mener à bien sa mission, Jean K. dispose de deux outils de travail, offerts par les responsables du RDPC : un smartphone et un modem de connexion à internet.

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