Élections sans suspense

Publié le 16 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Le 22 juillet, cinq millions de Camerounais se rendront aux urnes afin d’élire, pour cinq ans, 180 députés et 10 626 conseillers municipaux. A priori, l’issue des deux scrutins ne fait aucun doute. Quarante-cinq formations présentent des candidats, mais le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, est le grandissime favori, tant la « machine à gagner » créée par Paul Biya en 1986 domine sans partage la vie politique camerounaise. Dans l’Assemblée nationale sortante, il détenait 149 sièges (sur 180), et le Social Democratic Front (SDF), le principal parti d’opposition, 22.
Pourtant, la mobilisation des électeurs est réelle. Sans doute ont-ils déjà en tête la présidentielle de 2011, ainsi que les sénatoriales, dont seul le président de la République, maître du calendrier, sait quand elles auront lieu. C’est cette législature qui permettra ou ne permettra pas – à Biya de se représenter au terme de son deuxième et, en principe, dernier mandat à la tête du pays. Dix députés de la majorité sortante planchent déjà sur le sujet. Le message que leur transmettront les Camerounais à la faveur des législatives pourrait accélérer ou, au contraire, ralentir l’opération.
D’autre part, les électeurs ont la possibilité d’infléchir dans un sens ou un autre le paysage politique qui semble se dessiner depuis les primaires au sein du RDPC, il y a quelques semaines. D’importantes lignes de fractures sont en effet apparues. Il y a ceux qui soutiennent le président dans sa campagne anticorruption, dénoncent les voleurs et les « feymen » en quête d’immunité parlementaire Ceux qui sont en guerre contre leurs dirigeants, accusés d’autisme Ceux qui s’accrochent aux fondements idéologiques du parti Et bien d’autres.
Cinq membres du gouvernement Inoni sont candidats. Les RDPC Urbain Olanguena (Santé publique), Zacharie Perevet (Enseignement professionnel) et Daniel Njankouo Lamere (Budget) briguent la direction d’un exécutif communal. Dakole Daïssala, du Mouvement pour la défense de la République (Transports), et Augustin Frederick Kodock, de l’Union des populations du Cameroun (Aménagement du territoire), s’efforcent pour leur part de justifier leur présence au gouvernement et jouent leur survie politique en briguant un siège de député.
Les partis d’opposition sont eux aussi minés par des luttes intestines et se montrent incapables de s’adapter au logiciel du RDPC. Sans ressources financières, cantonnés dans leurs fiefs régionaux, ils agissent au coup par coup et n’ont pas de stratégie. Dans son fief, le SDF est menacé par les dissidents de l’Alliance des forces progressistes (AFP), fondée par l’ancien numéro deux du parti, Saydou Maïdadi, auquel se sont joints Bernard Muna et Mahamat Ousmane, l’un et l’autre ancien rivaux de John Fru Ndi pour la direction du SDF. Enfin, les différentes tendances de l’UPC continuent de disputer en justice la propriété du parti.

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