L’affaire TAAG

Publié le 16 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 6 juillet, TAAG figure sur la liste noire des compagnies aériennes interdites de vol dans l’espace aérien européen. Le comité de sécurité aérienne de l’UE sanctionne ainsi la compagnie nationale angolaise pour de nombreuses « non-conformités ». Il y a à peine six mois, l’entreprise avait investi 700 millions d’euros dans l’acquisition de nouveaux Boeing 777. Elle assurait six vols hebdomadaires entre Luanda et Lisbonne, et un à destination de Paris. Pour continuer à fonctionner, elle est obligée d’affréter des avions au prix de 200 000 euros le vol aller-retour.
Dans cette affaire, estime un proche du dossier, l’organisme angolais chargé de l’aviation civile porte une part de responsabilité dans la mesure où il n’a pas répondu dans les délais aux différents rapports de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) française, qui est chargée de contrôler les appareils de TAAG. Trois jours avant la sanction, le nombre des points litigieux était passé de 54 à 4. D’où la conviction des responsables de la compagnie que le comité de l’UE est allé un peu trop vite en besogne. Ils croient distinguer derrière cette décision la main de la France, arguant que Jacques Barrot, le commissaire européen chargé des Transports, est français. Et qu’au mois de mai, à la veille d’un rendez-vous avec la DGAC, celle-ci s’est empressée d’expédier le dossier à Bruxelles. Bref, les dirigeants de TAAG dénoncent un « acharnement thérapeutique contre les sociétés aériennes africaines ».
Depuis 2000, les rapports entre Paris et Luanda sont empoisonnés par l’Angolagate, une sombre affaire de ventes d’armes dans laquelle sont impliquées plusieurs personnalités françaises. Les Angolais ne veulent y voir qu’une affaire franco-française et lient toute normalisation des relations entre les deux pays à la publication des conclusions des juges. Pour manifester sa mauvaise humeur, le président José Eduardo dos Santos n’a jamais reçu Guy Azaïs, l’ambassadeur de France à Luanda depuis février 2004, qui a été contraint de remettre ses lettres de créance au ministre des Affaires étrangères.
Au moment où « l’affaire TAAG » a éclaté, une délégation de vingt-cinq membres du Medef regroupant la fine fleur de l’industrie française était en visite à Luanda. Tous les rendez-vous prévus avec les responsables angolais ont été annulés. Seuls un représentant de l’organisation patronale et un membre de la mission économique de l’ambassade de France ont été reçus par Aguinaldo Jaime, le vice-Premier ministre, qui leur a signifié le caractère « inopportun » de cette visite.

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